PARTIE I – LES VIOLEURS
PARTIE II – LES COMPLICES
PARTIE I – Les violeurs de Madame Pélicot.
« Soumettre une femme insoumise, c’était mon fantasme » (D. Pelicot)
PARTIE I – LES VIOLEURS
Un résumé de chacun des accusés est présenté ici.
La liste est longue … qui s’allongera jusqu’à complétude. Beaucoup a été dit ur le procès Pélicot, le procès de la honte qui change de camp. Je relève ici les exemples signifiants récurrents qui tendent à rendre visible la structure du système patriarcal sous-jacent aux violences sexuelles, et au déni de la majorité des violeurs, malgré que l’agression est filmée, donc visible. Ce travail s’attache à analyser les « socles » de violence maligne patriacapitaliste, récurrences déjà énumérées dans pornographie, Infanticide, Ecocide. Marchandisation, érotisation et animalisation, domination et déni de cette domination, c’est toujours la même mécanique d’oppression et les mêmes rouages de violence et du déni consécutif. L’objet est la résilience, et ses outils.
Triangle pilier des Bermudes : Sauveur – Agresseur – Victime
Daniel Pélicot, Le bon mari
On ne naît pas pervers, on le devient.
patriarcapitalisme
mécanique-s : portraits de violeurs
L’Antillais n’a « pas été capable de dire non au blanc » (1).
Comment ne pas penser à cette citation d’Aimé Césaire?
« Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme. »
Le viol par névrose fanonienne dont un symptôme est le complexe d’infériorité => Comment ne pas rebondir sur l’expérience de Milgram ? il ne s’agit pas d’excuser, mais de comprendre les rouages pour décortiquer l’agressivité maligne aussi innée et construite.
Joseph Cocco très investi (2)
69 ans
Cet ancien commercial, très «investi» dans son rôle de père auprès de sa fille, a rapidement eu des doutes sur le consentement de Gisèle Pelicot. «Il m’avait dit “elle ne participera pas au début”.» Faute de réaction de sa part à ce qu’il désigne comme «une caresse libertine», il serait parti, non sans être resté une dizaine de minutes.
«Si j’avais su qu’il m’avait filmé, ce monsieur, je serais allé le dénoncer.»
Entraîneur sportif, il a formé durant plusieurs années les forces de l’ordre au karaté. Cités comme témoins, trois anciens policiers, ayant évolué notamment à la DGSI, sont venus lui apporter leur soutien. Parmi eux, Fabio R. tentait, comme pour le laver des accusations : «Mon métier a été de surveiller et d’écouter les gens. J’ai une capacité à détecter les menteurs.» Un autre arguait même qu’il aurait eu toutes les qualités pour entrer dans la police.
Romain V, « piloté par Dominique Pelicot» (3)
A ouvert la porte au surnaturel pour expliquer des viols commis à six reprises entre 2019 et 2020. Il était «possédé» lorsqu’il a violé Gisèle Pelicot. Plus terre à terre, il souffle au procès : «J’ai été piloté par Dominique Pelicot.»
Didier Sambuchi, le viol « involontaire » (4)
Age : 68 ans. Profession : Retraité d’une société de transport.
«J’écoutais ce que Dominique Pelicot me disait de faire. J’avançais dans les actes sans comprendre ce qui se passait, sans me rendre compte qu’il y avait quelque chose qui clochait.» «Si Dominique Pelicot vous avez demandé d’étrangler sa femme, vous l’auriez fait ?» l’a interrogé la partie civile. «Oh ben non quand même !» répond Didier Sambuchi.
Cette scène est identique à un celle décrite par l’expérience de Milgram…
«C’est pas à moi qu’il faut en vouloir madame, c’est à votre mari.»
Patrick Aron, pour faire plaisir au mari (5)
Jacques Cubeau (6)
Profession : Ex-sapeur pompier, chauffeur routier à la retraite.
«Je le répète encore, j’étais dans une situation que je ne maîtrisais pas, nu dans une chambre avec un mari qui était quand même directif et qui attendait qu’il se passe des choses. […] Cet homme en impose de par sa stature, je n’avais pas envie de le contrarier.»
Hugues Malago, en recherche d’adrénaline (7)
Age : 39 ans. Profession : Carreleur.
Son ex-compagne a témoigné de son réveil en sursaut une nuit de 2019, alors qu’il tentait de la pénétrer et raconte vivre dans le doute d’avoir été soumise chimiquement. La trentenaire a souffert de «vertiges» entre 2019 et 2020. Faute de preuves matérielles, sa plainte a été classée sans suite.
La seconde partie de ce travail débute avec une série de copies d’écrans, avec des commentaires signés par des femmes en général, qui pensent que quelque chose cloche, que c’est pour l’argent, qu’on ne sait pas tout ». La question de la femme dans le processus patriarcal, sa complicité dans le maintien et la poursuite du système n’est abordée sur ce site que dans sa condition de femme de gauche. C’est assez injuste puisque la droite aurait tendance à limiter, dans sa matrice bourgeoise et catholique, les droits des femmes, notamment à disposer de leurs corps. Tandis que la gauche, les progressistes sont dans un mouvement décolonial, même avec ses ornières, ses lenteurs et ses écueils. Preuve en est les attaques subies par les sciences humaines dans le nouveau régime techno-fasciste de Trump, mais aussi en France de Macron.
Andy Rodriguez (8)
Age : 37 ans. Profession : Sans emploi.
«Comme le mari m’avait donné la permission, pour moi elle était d’accord.
Son casier affiche quatre condamnations, dont deux pour violences conjugales en 2019, puis en 2023 après sa sortie de détention provisoire. Une condamnation ayant mené à sa réincarcération d’août 2023 à avril 2024.
Jean-Marc Leloup, Un peu victime d’une arnaque de cul (9)
Age : 74 ans. Profession : Chauffeur routier à la retraite.
Au psychiatre chargé de l’expertiser pendant sa détention provisoire, Jean-Marc Leloup dit ceci à propos des faits : «Vous savez docteur, on est nombreux à s’être fait avoir.» «Il a ensuite énuméré un panel de mis en cause, plutôt bien installés dans la vie, pour dire qu’il était à la fois coupable, mais aussi un peu victime», analyse le médecin au moment de livrer ses conclusions devant la cour criminelle du Vaucluse. Cet ancien chauffeur routier – «international», précise-t-il – «garde un excellent souvenir de son enfance» et se présente comme ayant «deux hobbys : les femmes et les voyages».
Saifeddine Ghabi, a participé à l’horreur que vous avez vécue (10)
Age : 37 ans Profession : chauffeur routier
Lorsqu’il entre dans la chambre, il sent que «quelque chose ne va pas, c’est pas des gens normaux qui peuvent supporter cette chaleur». Et ajoute : «J’ai pas appelé la police mais j’ai bien entendu madame Pelicot ronfler. J’avais honte aussi, j’étais en train de tromper ma femme.»
Marié depuis 2013 et père d’un garçon de 10 ans, il ne reconnaît qu’une tentative de viol aggravée. «La peine encourue pour une tentative de viol ou un viol, c’est pareil. Je suis là pour dire la vérité, madame Pelicot est là pour entendre la vérité.»
«Pardon Madame Pelicot j’ai participé à l’horreur que vous avez vécue. Je ne souhaite à aucune femme sur terre d’avoir vécu ce que vous avez vécu durant dix ans.»
Simoné Mekenese, lâche (11)
«J’aurais pu me dénoncer, j’ai été lâche»
Age : 43 ans Profession : chasseur alpin durant douze ans puis chauffeur dans une entreprise de travaux publics
«J’étais dans l’optique d’un scénario, que peut-être après elle allait se réveiller. J’ai fait confiance à monsieur Pelicot.»
«On me traite de violeur parce qu’il y a ce mot : consentement.»
Philippe Leleu, face à ce «scénario bizarre», «je n’ai pas eu d’érection» (12)
«Je savais pas qu’un doigt, c’était un viol»
Age : 62 ans. Profession : jardinier
Sa naissance est la conséquence de violences. Sa mère a été violée lorsqu’elle avait 15 ans par un rugbyman professionnel, décédé jeune.
Paul Grovogui, « pas un monstre » (13)
Age : 31 ans
On n’est pas des monstres, on est des hommes comme vous tous. On avait tous une vie, une vie de famille, on fonctionnait normalement.
Etant jeune [22 ans au moment des faits, ndlr], ce qui n’est pas une excuse, je n’ai pas réfléchi aux conséquences. C’était pour m’amuser.
Montrant une reconnaissance bien fragile des faits, il déplore que leurs «noms aient été salis dans les médias en disant qu’ils sont des violeurs».
Ludovick Blemeur n’a pensé qu’à mon propre plaisir (14)
Age : 39 ans. Profession : magasinier
«Il m’a expliqué qu’elle dormait, qu’elle avait passé une soirée arrosée, je me suis dit que c’était peut-être leur fantasme. Je pensais qu’elle allait se réveiller.»
Victime de viols à 12 ans alors qu’il est chez les Jeunes sapeurs-pompiers à Trappes – son agresseur, Fabrice Motch, a été condamné dans les années 2010 pour viols et assassinat –, il dit avoir perdu ses moyens.
J’ai eu l’impression de me retrouver vingt ans en arrière, quand j’étais petit, avec le physique qu’il [Dominique Pelicot, ndlr]avait. J’avais peur de la réaction qu’il pouvait avoir.»
Quentin Hennebert (15)
Age : 34 ans. Profession : Ambulancier, ancien agent pénitentiaire.
Souffre d’un «trouble de la personnalité psychopathique». «Il a tendance à très peu considérer autrui dans son individualité, dans ses désirs», a expliqué Marie-Pierre Guis, en livrant une analyse très différente de celle du psychiatre entendu le lendemain. «Il n’y a pas de symptômes psychotiques chez lui, pas de trouble de la personnalité de type psychopathique, antisociale, paranoïaque. Seulement des traits d’immaturité affective et d’instabilité, mais sans dimension de pathologie franche», considère, lui, le docteur Serge Suissa, qui est intervenu en visioconférence. Qui se rapproche le plus de la vérité ?
«Il me dit qu’elle joue le rôle d’une femme endormie, que c’est son fantasme à elle. Il cherche quelqu’un pour participer. Il ne me dit pas si [elle dort] naturellement ou par des cachets. Juste qu’elle est endormie.»
Nizar Hamida (16) pour (s)e libérer de la pression, du stress
«Pourquoi j’irais violer une femme de 66 ans ?
Age : 41 ans. Profession : sans emploi
, pour passer une soirée libertine. J’ai jamais entendu le mot viol.
«Je suis pas un violeur, j’ai jamais violé dans ma vie. Pourquoi j’irais violer et en plus une femme de 66 ans ?»
Déjà condamné à huit reprises, notamment pour soustraction d’enfant (son fils de 11 ans) et violences conjugales, il pense «avoir été drogué». «Elle n’a pas pris mes cheveux, madame le juge [pour une analyse, ndlr], je ne les ai pas coupés depuis que je suis rentré» en prison. Ce coiffeur de formation évoque ses yeux rouges, son accident de voiture dans la foulée de son départ du domicile des Pelicot et ce rapport bucco-génital imposé à la partie civile, «alors qu’[il] ne l’[a] jamais fait de [s]a vie. […] Vous voyez pas qu’il y a un problème ?»
Redouane El Fahiri, « victime de ruse caractérisée» (17)
Age : 55 ans. Profession : infirmier
«Durant les longues minutes où l’on vous voit toucher madame Pelicot, on doit guetter un signe qui laisserait penser que vous étiez terrorisé», interroge la cour après la diffusion des vidéos. «Comment vous déduisez que je ne cherche pas à la réveiller ?» ose l’intéressé, qui a développé une défense singulière : «Je suis victime de ruse caractérisée», d’un complot du couple. Sa colère s’adresse aux enquêteurs qui n’ont pas pris au sérieux les «informations troublantes» qu’il aurait rassemblées sur les deux retraités. Gisèle compris : «Son portable est une pièce à conviction centrale et on n’a jamais cherché. Je demande qu’on soit traités à égalité : il n’y a pas une parole sacrée face à une parole négligeable.»
Boris Moulin, « lobotomisé » (18)
Age : 37 ans Profession : agent d’exploitation dans une société de transport
constate que Gisèle Pelicot «baragouine comme quelqu’un de saoul». Son état ne l’arrête pas. Sur l’une des vidéos, Dominique Pelicot le prévient : «Ça va la réveiller, ça va la réveiller.» Boris Moulin «ne percute pas». Refusant la qualification de viol, il note : «Elle a été victime d’un viol à cause de son mari, moi j’ai été utilisé par son mari comme un jouet.» Boris Moulin sous-entend qu’il aurait pu être drogué, ce que Dominique Pelicot conteste.«Vous rentrez dans cette maison, vous êtes lobotomisé», assure le coaccusé.
Des échanges ont perduré avec Dominique Pelicot jusqu’en mai 2020. «Il m’a rappelé pour qu’on se revoie, je lui ai dit que le scénario, c’était pas mon délire.»
Cyril Baubis (19)
«Il s’est servi de moi pour assouvir ses fantasmes»
Age : 47 ans
Profession : chauffeur routier
Sa compagne, rencontrée après les faits, le soutient. «Je ne le considère pas comme un violeur, pour moi, il ne s’est pas posé les bonnes questions au bon moment.»
Thierry Postat, « pas un violeur dans l’âme » (20)
Age : 61 ans
Profession : artisan frigoriste
Peine requise : 14 ans de prison et interdiction de 10 ans d’avoir une activité en lien avec les mineurs, pour viols aggravés et détention d’images pédopornographiques.
Ce père de trois grands enfants se présente comme un homme sans histoires, une personne «bienveillante» passionnée de moto et de basket.
Ce n’est qu’après plusieurs pénétrations, lorsqu’il constate que Gisèle Pelicot est dans un «assoupissement notable», qu’il se dit que ce couple «va un peu loin» : «Mais je suis là pour leur faire plaisir. Ils regarderont la vidéo demain, donc je continue», poursuit-il. Non, il n’a pas eu la «lucidité» de lui demander son consentement : «Je m’excuse d’avoir été crédule. J’ai fait confiance à monsieur Pelicot.»
Omar Douiri, n’a « pas percuté» (21)
Age : 36 ans. Profession : agent d’entretien
Je ne suis pas le genre de personne qui cherche les problèmes»
Age : 52 ans. Profession : couvreur
«Et après, je ne me rappelle plus, soutient-il. Je me suis retrouvé dans la voiture, je ne sais plus comment j’y suis arrivé.» Sa théorie : Dominique Pelicot l’aurait drogué, via son Coca de bienvenue.
Il est le premier pour qui le parquet demande la diffusion des vidéos. Les consignes et réflexions salaces de Dominique Pelicot, sa sortie brusque de la chambre lorsque la victime bouge, son pouce levé à la caméra… «Non, je ne me souviens pas… Ce serait bien pour la victime, pour la vérité. Et pour me défendre. Là, je passe pour un menteur ou un idiot», bafouille-t-il devant la cour, sous le regard atterré de Gisèle Pelicot.
Mahdi Daoudi, ne va « pas laisser (s)on ADN partout comme ça» (22)
Age : 36 ans. Profession : Employé d’une société de transport.
Il ne se «rend compte qu’il y a un problème» qu’en lui imposant une fellation. Comme un certain nombre d’accusés, Mahdi Daoudi précise qu’il «n’a pas pris de plaisir», comme si cela l’allégeait d’une part de responsabilité. Et se sert de son absence de préservatif comme d’un alibi : «Si je m’apprête à commettre un crime, je ne vais pas laisser mon ADN partout comme ça.» Se victimisant – «ça m’a détruit le fait d’avoir pris part à ça» – cet homme divorcé, père d’un enfant, maintient : «A aucun moment, j’avais conscience de commettre un viol.» Usant de mythes dépassés sur le viol, son avocat, Guillaume de Palma, osera même lui demander : «Vous êtes censé être un violeur qui caresse ?»
Ahmed Tbarik, manipulé (23)
«Si je devais violer quelqu’un, ça n’aurait pas été une dame de 57 ans»
Age : 54 ans. Profession : plombier
Refusant la qualification de viol («Je sais ce qu’est un viol, j’aurais attendu 50 ans ?»), il insiste : «J’ai été manipulé.
Tentant de placer le viol sur le plan du désir et non de la domination, il lâche, à la consternation générale : «Je ne suis pas violeur mais, si je devais violer quelqu’un, ça n’aurait pas été une dame de 57 ans, mais une belle… Excusez-moi.»
L’agresseur sexuel tente de placer le viol sur le plan du désir : l’âge de la victime empêchant le désir, il ne peut y avoir viol. Si elle est moche, en d’autres termes, elle ne peut pas subit un viol. Cet argument a été usé ad nauseum pendant « L’affaire DSK », ce troussage de bonne…
PARTIE II – Les commentaires sur Madame Pélicot.
à suivre
PARTIE II – LES COMPLICES










–cide
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