action des plasticiens de surface, texte du MapRAC (Article disponible ci-dessous)
MapRAC était un week-end de réflexion du 19 au 21 mars 2004 visant à stimuler le débat public (inexistant) autour de la reconversion du site de la Cité Administrative et d’apporter une réflexion constructive sur la ville. Les organisateurs (City Mine(d), diSturb, Bureau Vers plus de bien être et Gwenaël Breës) tentaient par là de générer un dynamisme d’action et de réflexion quant aux enjeux que ce site représente, de proposer des alternatives au cours actuel des évènements.
La cité administrative est une histoire belge.
La Cité administrative de l’État (en néerlandais : Rijksadministratief Centrum) est un ensemble de bâtiments appartenant autrefois à l’État belge, dans le centre de Bruxelles, et qui regroupait les différentes administrations nationales.
Sa construction débuta le 21 avril 1958 et la dernière pierre fut posée en 1983 à la suite de retards successifs.
Sa conception modifie définitivement la physionomie du quartier situé entre la Porte de Schaerbeek et la Colonne du Congrès est un exemple de bruxellisation, soit la transformation urbaine de Bruxelles dans les années 1960 et 1970.
La tour des finances, qui fait partie de la Cité, est le 2e plus haut immeuble de Bruxelles. Et dans un sous-terrain de cette tour, auquel on a pu accéder par un ascenseur, une route secrète mène vers un endroit assez proche que vous devinerez peut-être si je vous dis qu’il s’agit d’une route d’évacuation pour « gros légumes ». Il existe en effet, à notre insu, un réseau routier secret pour évacuation d’urgence de nos roi, reine et ministres, sans aucun doute. Vous en doutez?
L’objectif du week-end était d’aboutir à un document graphique permettant à la fois de synthétiser la situation de la Cité Administrative actuellement et de proposer une série de pistes d’utilisation du site à courts et longs termes. La volonté était de diffuser largement ce document dans le but de conscientiser à la fois les Bruxellois et les décideurs politiques.
Pour fabriquer ce document graphique, qui sera plus tard l’objet d’une publication, des dizaines de citoyens sont invités, -des habitants, des artistes, des historiens, des journalistes, des urbanistes, des archéologues, des activistes, …- à se rassembler pour penser ensembles.
J’étais dans l’atelier « Histoire ». Nous étions une quinzaine, de tous les horizons, passionné’e’s par notre ville, le béton, et la Tour des Finances désertée. La collecte d’informations a été rapide, constructive, émoustillante. Le matériel était bien organisé, de sorte que rapidement, nous pouvions construire ensemble un tracé, une structure, une ligne du temps, …
Le projet est baptisé MapRAC
Map en référence à la carte, résultat graphique synthétique ambitionné à l’origine du projet mais aussi en référence au projet barcelonais MAPAS1 ayant inspiré la méthodologie de travail du week-end. RAC sont les initiales pour Rijks Administratief Centrum.
Le week-end aura rassemblé plus ou moins 150 personnes concernées par le devenir de ce site en particulier et de la Ville en général, tant des architectes que des urbanistes, des sociologues, des historiens, des géographes, des artistes, autant gens de terrains que théoriciens, issus du milieu associatif ou académique, …
Le week-end s’est déroulé en deux phases, la première consacrée à l’état des lieux du site selon 5 axes/ateliers thématiques (architecture, procédure, mobilité, urbanisme, sociologie). Chaque participant choisit un atelier. Je m’inscris dans l’atelier « sociologie », où je rencontre des artistes, des historiens, des sociologues, des passionnés. La communication est fluide et si la première étape est construite avec un « gestionnaire » de groupe, le travail collaboratif aboutit à un synthèse d’intelligence collective construite à partir des savoirs de chaque participant. Chacun aura joué le jeu, -sauf le gestionnaire, qui oubliera les noms de ces chercheurs collaboratifs lors de la publication, réduisant l’atelier à un individu… et à l’oubli des autres, empêchant de ce fait tout collaboration ultérieure.
La seconde phase s’est basée sur les constats afin d’entamer la construction d’une série de visions alternatives du site d’une part à court et d’autre part à long terme. Notre atelier s’est donc attaché à reconstruire l’espace avant cette tour. quel quartier? Combien d’habitants? Et d’expulsions? Quelles métamorphoses, traumatismes engendrés par la construction de
Cette seconde phase m’a, je dois l’admettre, moins passionnée, comme artiste et chercheuse, car elle était finalement, surtout un jeu et une aventure collective. Le résultat des ateliers constituaient un projet professionnel, pour d’autres architectes et urbanistes présents et organisateurs. Ce qui a coupé l’élan collectif, les groupes se sont désagrégés après les ateliers, et des mémoires ont disparu, restées anonymes.
Atelier de sociologie. Les questions suivantes ont entre autres été soulevées : La question de la mixité des fonctions : dans la mesure où le logement, les équipements et les bureaux ont des cycles de vie différents, la mixité des fonctions a l’avantage de préserver le site d’un abandon total et simultané tous les 20 ans. Sera-t-elle garantie dans les nouveaux projets ? La question du patrimoine, et plus particulièrement du patrimoine moderniste auquel appartient la Cité : Faut-il préserver ce patrimoine ou, comme c’est la tendance actuellement, l’effacer et reconstruire ?
La question de la mobilité, centrale dans la perspective du réaménagement de ce nœud où se superposent de nombreux axes de transports mais dont l’accessibilité n’est paradoxalement pas excellente. La question enfin d’une possible utilisation du site à court terme, des risques et conséquences possibles.
La publication
La synthèse des différents ateliers a été publié à 10.000 exemplaires sous forme d’un journal cartographique et d’un site web. La structure du journal reflète le week-end : la première partie regroupe les synthèses des ateliers « état des lieux », la seconde reprend les visions à court et long terme. Il s’agit donc de la trace d’un travail collectif, finalisé par les différents responsables d’atelier et les graphistes engagés dans la réflexion depuis le début.
Plusieurs projets concrets ont suivi les réflexions produites lors de ce WE entre autres le Festival PleinOPENair qui a expérimenté de nouveaux usages du site de la Cité Administrative durant l’été 2004. Mais ceci est une autre histoire…
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