Chiquita

Bocanera par intermittence depuis 2023, j’assiste à deux soulèvements populaires panaméens, en automne 2023 et au printemps 2025.

Chiquita, anciennement l’United Fruit Company, a joué un rôle majeur dans l’histoire de Bocas del Toro, une région cruciale pour la production bananière au Panama. Arrivée dans la région en 1896, Chiquita a profondément marqué le développement de la zone, notamment avec la construction d’infrastructures et la création de communautés. 

Le « tourisme de plantation » (Le Masne, 2019)

Chiquita, anciennement l’United Fruit Company, a joué un rôle majeur dans l’histoire de Bocas del Toro, une région cruciale pour la production bananière au Panama. Arrivée dans la région en 1896, Chiquita a profondément marqué le développement de la zone, notamment par la construction d’infrastructures et la création de communautés. Ce passé colonial et agro-industriel continue d’imprégner les paysages, les récits et les pratiques culturelles locales. Le déchet. Par qui ? Pour qui ? Pourquoi ?

Dans ce contexte, le déchet devient plus qu’un simple résidu : il agit comme un révélateur des dynamiques coloniales et postcoloniales, une trace active des histoires d’exploitation. Il matérialise les excès d’un système extractiviste et globalisé, tout en incarnant une certaine mémoire des lieux. Ce résidu n’est pas neutre : il mobilise les affects, cristallise les conflits, inspire de nouvelles formes de relation, et sert de pré-texte à des processus de résilience et de résistance post-coloniale.

Barrage à Bocas Del Toro.9 mai 2025, Interview d’un paysan en grève ici

Le colonisé, dans ce cadre, est un être à la marge — un rebut, un reste, un surplus. Le monde colonial est un monde compartimenté (Fanon, 1961), où la hiérarchisation des vies se matérialise jusque dans la gestion des corps, des terres et des déchets. L’ethnographie que je mène part justement de cette périphérie : je suis littéralement le déchet. C’est en suivant ses circulations, ses formes, ses discours et ses usages que se dévoilent les relations de pouvoir, les inégalités persistantes, mais aussi les marges de manœuvre, d’invention et de contestation.

Le déchet bloque, le déchet filtre. Il extrait l’extractivisme d’une zone

jusqu’ici

Le déchet, doué d’agentivité, devient alors une figure centrale : il agit, affecte, transforme. Il n’est pas seulement l’empreinte du passé mais l’agent d’un présent en recomposition. Il permet d’activer une pensée autre, de produire des formes d’adaptation aux dérèglements socio-économiques et environnementaux. Cette capacité d’adaptation par l’imagination n’est pas nouvelle : c’est un vieux classique des modes révolutionnaires, une stratégie de survie et de subversion qui s’appuie sur le détournement, le bricolage, la réappropriation.

En somme, le « tourisme de plantation » ne se contente pas de mettre en scène un passé exotisé : il rejoue, souvent inconsciemment, les logiques coloniales de valorisation de certains récits au détriment d’autres. Penser le déchet comme révélateur, c’est se donner les moyens de lire ces contradictions, de voir comment la mémoire et la matière s’entrelacent pour produire des mondes encore en lutte.

à Santiago, au Panama … ci-dessus

à Bruxelles, au coeur de l’Europe, contre le MercoSur et l’abattage systématique des cheptels en cas de suspicion de zoonose éventuelle. décembre 2025. ci-dessus

ici le pneu Post-colonial

ou hybride

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