(en cours de retranscription, les images vont arriver aussi ………. aujourd’hui, demain …)
Résumé : la décolonisation des esprits est vaillante et change la lutte et ses formes. Longtemps, les paysans de Bocas ont cru aux promesses. Résultat, un hôpital … vide, sans médecin ni produits… Et après, on s’étonne que la lutte reprenne… Il est temps que chaque partie prenne ses responsabilités ; le gouvernement, les décideurs, le peuple, local et immigré. Seul Bocas aidera Bocas. Nous sommes partie d’un puzzle, qui est aussi un casse-tête. Nous devons résoudre ce casse-tête ensemble, chaque partie veillant aux autres, pour le Bien commun et pour sortir d’un système corrompu et rétablir le contrat social. Aucun désir de violence, aucune haine, de l’amour de la Terre, de la vie, du métier de paysan. Il s’agit donc de dépasser les peurs coloniales. Chacun’e, sur cette Terre bocanera, à Bocas del Toro, doit cheminer pour emprunter la même route. Le désir de paix est inscrit dans l’âme paysanne. Et la lutte présente pour résoudre la crise à Bocas.
Conversation sensible autour d’une barricade …
la première avec timidité (je tourne autour du barrage)
la deuxième avec drôlerie, je m’affranchis
le troisième, la chance me sourit
Nous sommes à un croisement, et il y a une café ! évidemment, je commande un, café au lait. j’oublie une détail. Cette fois-ci, comme les barricadistes sont un peu étonnés de me voir rester là plutôt que de monter dans le bus qui nous attend derrière le barrage, je leur dis franco pourquoi je suis là, tout en me dirigeant vers le café…
En anthropologie, lors d’une ethnographie, une fenêtre invisible peut ouvrir sur un « terrain fantastique », comme ces portes fumeuses de cinéma qui nous font passer, comme Passe-muraille, ou l’homme invisible, dans la dimension ethnographique : le bon lieu, le bon moment, la bonne personne.
Contexte
En quelques mots, je suis au centre de trois villages, interconnectés,
(anachronisme : je me rends compte ce 27 au soir, ultra fatiguée, que j’ai quitté l’île de Colon pour découvrir le continent, avant l’archipel. Et que mieux vaut écrire la suite, passionnante je trouve, demain.
Sitôt assise dans ce café, un homme st venu à moi, il se nomme Alebardo, parle couramment anglais, est le propriétaire de ce petit restaurant. Il représente 3 villages, et relatera notre rencontre auprès de la Communauté. Ce qu’il nous dit est extrêmement touchant et réaliste. Je ressens clairement la mutation que je tente de décrire, soit un changement global, profond, génétique (à la manière d’un trauma qui modifie la structure de l’adn, et donc donc à l’inverse, une décolonisation des esprits qui change la donne globalement et qui impacte chaque élément (comme les pièces d’un puzzle). Ce terme tente d’exprimer le changement de mentalité inscrit dans un mouvement décolonial global, au « Sud », évidemment, mais au « Nord » aussi. Si vous trouvez mieux, welcome.
Dialogue aussi incongru que fondamental pour comprendre la lutte.
- Tu dois partir avec le bus !
- Non, je veux rester ici pour rencontrer les gens et comprendre et documenter pourquoi vous faites ça.
- Va fumer de l’herbe ! (me lance un jeune)
- Non merci, je vais plutôt aller me boire un petit café, je réponds en riant.
Interview
en italique, les propos exacts, le reste est issu de notes prises au vol et donc résume les propos.
Alebardo :
- Porque hierba ? Porque no hay desarrollo.
Si nous résolvons pas le problème, le problème va croitre. Un changement profond est nécessaire à Bocas. La mauvaise administration de Chiquita a encore compliqué la situation pour les travailleurs. La pollution pose de grands problèmes sanitaires. Les jeunes ont besoin de perspectives, et les parents de changements maintenant.
- Nous sommes des personnes conscientes
Nous voulons arriver à un accord avec le gouvernement et que celui-ci comprenne la situation qui a mené à la situation actuelle ici, à Bocas. Nous sommes des paysans, nous comprenons les problèmes mieux que le gouvernement qui est loin.
- la question des emplois
- la question de la santé
- le manque de perspectives pour les jeunes
- la rupture du contrat social
- la corruption
Un seul problème, à regarder comme un puzzle, où chaque pièce doit être prise en compte pour que la situation s’améliore.
- Le problème est un puzzle
la question des emplois : les salaires sont très bas et ne suffisent pas à nourrir une famille, certains ici ne font qu’un repas par jour.
la question de la santé : le gouvernement a construit des hôpitaux, mais ce sont des coquilles vides. Il n’y a pas assez de médecin, et pas assez de matériel, il manque tous les produits.
le manque de perspectives pour les jeunes : pas assez d’école, pas de possibilité de poursuivre des études, absence d’ascension sociale malgré le boum du tourisme, la drogue de plus en plus présente, … L’école est obligatoire, mais pour poursuivre ses études coûte très cher parce que il faut voyager jusqu’à la ville. C’est trop loin, il faudrait financer un logement, plus l’inscription, plus le matériel, … Cette impossibilité pour les parents de financer les études, entraîne un découragement chez les jeunes qui abandonnent, manquent d’activité, et se réfugient dans la drogue, véritable souci dans la région. Il faudrait que les jeunes puissent apprendre l’anglais, aussi pour accéder à d’autres informations, et mieux intelligibiliser le monde.
la question des dépendances, liées au manque de perspectives d’avenir : l’invitation par ces jeunes est une brama, une blague, mais elle décrit une réalité dangereuse pour la Communauté
Somos buenas personas
le dérèglement climatique et ses impacts
- Tout n’est pas négatif, je suis né ici, je vis ici, je mourrai ici.
la rupture du contrat social
Bocas a vécu un boum économique avec le tourisme, mais les locaux n’en ont pas profiter, la situation économique des gens est toujours aussi compliquée, l’environnement est abimé, ce qui impact sur la santé des habitants, sur la santé des enfants. certaines familles manquent de tout et ne mangent qu’un seul repas par jour. la question de l’éducation prime, le sujet revient dans la conversation, avec celle de vivre dignement et d’instruire mieux la communauté sur la question de l’environnement. Nous avons besoin d’action, et de changements immédiats. Une université accessible est comme un lieu qui lie la communauté et irradie qui diffuse du savoir. La majorité des jeunes veulent continuer à étudier, et en sont empêchés. Il n’y a rien proche de Bocas. Les promesses ne sont pas tenues, et la corruption empêche les réalisations d’être efficientes, comme pour ces hôpitaux qui sont là, mais ne servent à rien. La question de la corruption … Si le père est malade ou corrompu, ou malade (de corruption), toute la famille est mal aussi.
Si le papa est mal, toute la famille est mal, la maison suit.
L’état sociétal
Nous devons changer notre forme de penser, pour bien conseiller les enfants, il s’agit de nous renforcer. Nous, c’est pour une part les habitants, la société, pour une part le gouvernement. Mais aussi les entreprises privées et les « gringos ». Nous autres à Bocas devons changer beaucoup de choses, et intervenir sur chaque pièce du puzzle. Le monde est devenu plus individualiste. Avant, par exemple, les Gringos offraient un bon salaire, il y avait un échange de services équitables, mais maintenant, chacun veut gagner le maximum, et les étrangers résidents ne respectent plus le pacte social qui est que chaque partie est respectée et satisfaite.
Le problème est un puzzle
La question de la santé est liée au travail. Le salaire ne permet pas aux travailleurs d’offrir des études à leurs enfants qui du coup n’ont pas d’avenir et plonge dans des dépendances. Les acteurs du problème doivent travailler ensemble et considérer que il ne sert à rien de résoudre un problème sans le relier aux autres et sans agir sur les autres problèmes. La question de l’instruction est aussi liée à l’environnement. Le problème des déchets, par exemple, est aussi liée à celle de l’instruction. Comment vivre décemment, avec sa culture, et une bonne perspective d’avenir ? Comment négocier ? Et comment agir; non seulement pour soi, mais dans une perspective
- M. : Il se dit sur internet que Chiquita asperge encore les plantations de banane avec des avions cesnas, et donc les travailleurs, c’est vrai
- A. : Oui, je l’ai vu de mes propres yeux.
L’épouse de Abelardo, tandis que son mari est occupé ailleurs :
- Estoy cansada que la situación no cambia.
C’est évident. Si quelqu’un vous fait une promesse, vous y croyez. Mais rien ne’ se passe, alors vous recommencez un mouvement social, et de nouvelles promesses sont faites, mais rien ne change. Comment faire en sorte que chaque partie prenne conscience que le temps d’un changement profond est indispensable ?
- Tout est toujours plus cher.
Comment faire en sorte de mieux intelligibiliser, comprendre le monde d’aujourd’hui ? Comment en « faire partie » ?
Ce qui a changé : avant, nous croyions la parole de l »homme en cravate (corbata), nous pensions qu’il avait des principes, qu’il travaillait non seulement pour lui, mais pour le Commun.
Par ailleurs, nous sommes encore pris dans l’histoire (coloniale). Comment faire confiance ? Comment partager nos réalités ? La peur d’avant est toujours là.
Si nosotros tenemos per juega vivo (hein?!)
Comment négocier ?
Anteriormente, los Gringos de la isla dieron buenos trabajos y buen salario. A través de los anos, empiezan otra manera, -mas individualista, ndlr-.
Avant, les touristes résidents sur l’île engageait les locaux (locales) avec une rémunération correcte, mais aujourd’hui ils payent le moins possible, ce qui ne permet pas de vivre.
- S’il n’y a pas de transparence, tout sera obsolète. Nous autres sommes désireux de travailler. J’aime travailler, aller au champ, utiliser ma machette, … Como un campesino, comme un paysan.
Nosotros quisiéramos hacer trabajar.
Nosotros esperamos nuestra autoridad.
Nous avons un désir profond de penser aux autres, chaque partie doit s’occuper des autres parties.
- Comment parler ?
Comment sortir du silence provoqué par le crime colonial ? Comment rétablir la confiance ? Comment résoudre la casse-tête provoqué par la terreur coloniale du passé et rétablir la confiance entre les parties pour aujourd’hui et demain ?
Nous sommes orgueilleux.
- Notre Communauté a beaucoup de terreurs, d’orgueil. Dans le passé nous vivions bien, avec un autre genre de gens. Hay un collapso.
ce n’est pas une question de races, une question de communautés, c’est un tout qui n’est pas seulement lié aux différentes communautés, nous sommes tous inter-dépendants, indépendamment de qui nous sommes; Moreno, Chino, Américano, … Et c’est différent su statut social. Il nous faut un peu de discipline. Nous devons cultiver la discipline.
La route
la route a changé la donne.
La route qui mène vers les villages est nouvelle, elle a deux ans. D’un certain aspect, elle nous aide, mais d’un autre …
Que faire … du téléphone portable ? de la drogue ? Finalement, la question est : qu’est-ce que je peux faire pour moi ? Comment construire une bonne vie : un travail, une épouse, … la santé, la lumière, l’éducation ouvrent à de bonnes choses. pour résoudre les problèmes, il faut des thèmes, des projets, des programmes, et le faire avec sérieux pour obtenir des résultats. ça dépend du milieu ambiant, des lieux où on peut se recharger.
Somos unos
Prendre en compte la dimension sacrée de la création, de la Terre. le sacré, la médecine, la santé physique et mentale, une santé qui passe par la nourriture, les coutumes, la médecine, l’environnement. L’eau, les poissons, l’air, tout a changé.
Bocas del Toro est comme une pelote de laine, il s’agit de démêler chaque fil. La pression de la vie ne prend pas le temps de partager l’expérience, parce que le temps court. Nous sommes fiers de ce que nous faisons, et de où nous vivons.
No a la minera. Non à la mine.
Los latinos (?????) quieren llevar las cosas, la materia prima que no nos apartenecen. La mine appartient aux indigènes, aux Indiens. Elle signifie autre chose que son extractivisme, et son intérêt financier pour les industriels. Nous voulons que la mine soit considérée comment une entité avec son existence propre. Une entité que nous conservons, comme quelqu’un qui nous représente, un symbole de qui nous sommes, et de comment nous existons. Comme quelque chose qui nous protège. Les politiques ne cherchent que les dollars, ils s’en fichent de la santé ou de la nature. La mine contamine. L’eau est dégradée, les poissons sont dégradés et plus rares, nous voulons vivre heureux avec la nature, en famille.
Nous en revenons à la question du lien, même si les gens sont différents, même sil les classes sociales sont différentes, la montée de l’individualisme casse le lien.
Le rêve américain.
Avant … l’île travaillait pour les locaux, les immigrés américains respectaient le pacte social ; qua chaque partie en sorte bénéficiaire. il faut changer les mentalités. Aujourd’hui, nous cherchons du travail, mais les Gringos n’en donnent plus. Quel contrat sur les gens ne se rencontrent plus ? Si le contrat est conclu avec le gouvernement sans les habitants autochtones ? Si le gouvernement n’intègre pas le peuple ?
mon opinion, est qu’il y a beaucoup d’associations, mais il n’y a pas de programme. Il faut plus d’éducation pour instruire sur les déchets, sur l’environnement. Chacun devrait retirer du profit du boum du tourisme, du développement du commerce.
Ce ne sera pas facile :obtenir plus d’appuis, plus de sécurité, plus d’emplois, plus d’instruction, d’éducation, …
Sometimes, we don’t have job we live in a poor area. How to be conscious ? How to « give » them quelque chose de bon.
Comment penser la question de la natalité, des dépendances aux drogues (largement alimentée par le tourisme de masse, ndlr) ? Comment retrouver une stabilité ? Cette stabilité qui permet les bénéfices ?
Il n’y a aucune aide sociale, aucune prime de naissance, etc. Nous aimons les enfants, mais nous nous rendons compte que nous sommes obligés de sacrifier le nombre d’enfants pour permettre un développement de la famille. Il est vraiment,t difficile de vivre et l’Etat ne nous aide en rien. En rien.
Mon peuple, ma race pour le futur. S’ils avaient besoin d’un peuple faible, alors, nous devons nous dire que nous ne comptons que sur nous-mêmes pour nous développer, pour intégrer par exemple, la sphère du tourisme, dont vivent une grande majorité d’expats (expatriados = « touristes résidents »).
La basura
- et si nous commencions par les déchets ?
- Mercedes : Avec plaisir, Abelardo
séminaire du LAAP, le déchet holistique méso-américain