sujet en sans jargon

Terrain, introduction

Mon terrain ethnographique est le déchet dans un contexte insulaire caribéen, soumis à une forte pression écologique, économique et sociale. L’île se nomme Colon, sur l’archipel de Bocas Del Toro, au Nord du Panama. Elle mesure 56km2 , compte habitants, et 150.000 visiteurs par an, Occidentaux pour la plupart, d’où l’expression anthropologique de « tourisme bananier », au regard du maintien d’un ordre social, ethnique et économique, de structure (néo-)coloniale.

Colon vit du tourisme, et organise l’espace insulaire pour son plaisir. La nature sauvage et idyllique est l’attraction phare. Les plages sont particulièrement prisées, et mon enquête a débuté avec les déchets organiques qui jonchent les plages certains jours, déchets réutilisés par des « jardiniers des plages » pour être montés en butte (identiques à celles de la permaculture) et protéger la plage de son employeur de la fureur des marées hautes et des vagues dévastatrices.

En ces temps de montée des eaux de mer, de disparition des plages, de salinisation et de réchauffement des mers, la raréfaction des êtres vivants marins inquiètent les habitants (et les scientifiques). Mais les habitants sont pris dans des nasses contradictoires. Vivre, donc du tourisme, et causer des dégradations locales de la faune et de la flore, sur l’ile et dans la mer ? Le tourisme résidentiel, en augmentation exponentielle constante depuis les années ’90, provoque le rétrécissement de la jungle. Les animaux sauvages se perdent dans les localités : crabe, oiseau, rongeur, … En général, ils meurent.

Dans ce contexte, le déchet, catastrophe planétaire majeure et « grenade dégoupillée », peut être considéré « comme un médiateur entre le monde naturel et la sensibilité des objets» devient un objet moteur d’actions, comme doué d’une agentivité. Comme si la relation inter espèces comprenait désormais le déchet, sorte de parasite mutant avec sa vie propre. Le déchet offre un « cadre de réflexion pour