Le Champignon de la fin du monde

Femmes & Vivant
Anna Lowenhaupt Tsing
Le champignon de la fin du monde (The Mushroom at the End of the World, 2015) est un essai anthropologique et écologique d’Anna Lowenhaupt Tsing. L’auteure explore comment les êtres vivants – humains et non-humains – survivent et coexistent dans un monde marqué par la ruine du capitalisme et la destruction environnementale.
Le matsutaké : un champignon comme fil conducteur
L’ouvrage prend comme point de départ le matsutaké, un champignon rare et très prisé, particulièrement au Japon, où il est un symbole de luxe et de tradition. Ce champignon pousse dans des milieux perturbés, notamment dans les forêts exploitées et dégradées. Son étude devient alors un prisme pour comprendre :
- Les interactions entre nature et économie : comment un champignon devient une ressource commerciale globale.
- Les effets du capitalisme et de la destruction environnementale : le matsutaké pousse là où les humains ont laissé des paysages ruinés.
- Les formes alternatives d’organisation et de survie : les cueilleurs de matsutaké (migrants, marginaux, amateurs) vivent en dehors des circuits économiques classiques.
Thèmes principaux
- Le capitalisme et ses ruines
- Tsing analyse comment le capitalisme détruit les écosystèmes, mais comment des formes de vie émergent malgré cette destruction.
- Elle montre que la production et le commerce du matsutaké fonctionnent en dehors des logiques industrielles classiques.
- L’interdépendance des espèces
- L’auteure adopte une perspective écologique et interdisciplinaire, étudiant les liens entre champignons, arbres et humains.
- Elle propose une vision où la survie ne repose pas sur la domination, mais sur la collaboration et l’adaptation.
- Une critique du progrès linéaire
- Contrairement à l’idée d’un développement humain progressif et contrôlé, Tsing met en avant l’incertitude, l’adaptation et le hasard dans les écosystèmes et les sociétés.
La volonté de monter des projets à grande échelle ne se limite pas à la science. Le progrès lui-même a souvent été défini par la capacité de projets à s’étendre sans que le cadre de leurs hypothèses ne change. Cette qualité est la «scalabilité». Le terme prête un peu à confusion, parce qu’il pourrait être interprété, comme tout ce qui est « apte à être discuté en termes d’échelle ». Or, cette aptitude touche tant les projets qui génèrent une échelle que ceux qui n’en génèrent pas (scalables et non scalables). Quand Fernand Braudel a introduit le concept de « longue durée » en histoire ou que Niels Bohr a caractérisé l’atome quantique, ce n’étaient pas des projets impliquant la scalabilité. En revanche, cela ne les a pas empêchés, l’un comme l’autre, de révolutionner la manière de penser la question d’échelle.Source : Anna Lowenhaupt Tsing, Le Champignon de la fin du monde, traduit de l’anglais par Philippe Pignarre, La Découverte, 2017, page 78)
Le Champignon de la fin du monde est une réflexion profonde sur notre monde en crise. En étudiant une ressource inattendue comme le matsutaké, Tsing propose une nouvelle manière de penser l’économie, l’écologie et les relations entre les êtres vivants, dans un monde marqué par la ruine et la nécessité de réinventer des formes de vie. Le premier 🍄 de la fin du monde était atomique, qui a rasé un territoire et créé l’écologie dans la ruine ;art du manga.
C’est une lecture essentielle pour ceux qui s’intéressent à l’anthropologie, à l’écologie et aux critiques du patriarcacapitalisme colonial ! Avec :