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  • Tomber sur un os ?

    enquête d’anthropo-archéologie, 2023, 2024

    Résumé

    Au Nicaragua, à une soixantaine de kilomètres à vol d’oiseau de Managua, la capitale, un homme est persuadé que son terrain est le lieu de naissance de la culture aztèque, la légendaire cité d’Aztan. Désir ou réalité ? Je suis invitée à étudier le site et donner mon avis sur la question…

    Plan 

    • –  Partie I
      Introduction (A) 

    Quelques remarques préliminaires (B) Séjours sur le site (C) 

    Premier séjour Deuxième séjour 

    • –  Partie II Introduction 

    Analyse critique 

    Conclusion

    Et vous?

    Bibliographie 

    Ancien chemin pavé ? Sur la plateforme Ouest du site

    Partie I
    A. Introduction 

    En septembre 2023, je suis invitée à séjourner sur un terrain d’investigation  archéologique situé à quelques heures de Managua. Anthropologue férue d’archéologie, je suis aussi Belge et Nicaraguayenne, d’une génération directement impactée par le Sandinisme qui a libéré le pays du joug d’une dictature sanglante en 1979 et qui gouverne encore en 2024. Cette traçabilité événementielle entraîne des regards particuliers sur l’histoire de l’anti-impérialisme au XXe siècle et une manière d’être au monde, en résistance. Et même si je ne parlerai pas de ces guerres,  si ce site archéologique devait être une « fantaisie », une explication de celle-ci pourrait être la résilience. En effet, le propriétaire du lieu, comme toute sa génération, a vécu deux guerres, celle de la libération du pays en 1978-1979, et la « deuxième guerre », dites des « Contras », du nom des mercenaires financés par les Etats-Unis pour laminer le gouvernement sandiniste, de 1980 à 1991. L’homme a combattu, comme son père, dans la jungle, et lors des soirées au camp, il nous racontera parfois des histoires de guerre aussi atroces que poignantes. Cela fait sept ans déjà qu’il arpente son domaine et compile les preuves que cet espace est « Aztan », le lieu d’origine de la civilisation aztèque sur sa page facebook. Cet homme, par souci d’anonymat, je le nomme Arturo.

    Les questions qui se posent dans cette enquête archéo-anthropologique sont donc multiples. En voici une liste non exhaustive. Le site est-il archéologique ? Si oui, s’agit-il d’une civilisation ancienne ou récente, voire les deux ? Si ce site est archéologique, les interprétations très détaillées de son découvreur sont-elles entièrement fausses ou vraies ? Ou partiellement vraies ? Arturo est-il un génie ou un fou, comme d’aucuns le prétendent? Enfin, si cet espace de 2 kilomètres carrés n’est pas un site archéologique, Arturo est-il sincère ou désire-t-il tout simplement en tirer un revenu ? Je vous convie donc à une sorte d’enquête. 

    D’autres questions vont émerger, au fil de mon séjour, qui nous dévoilent le dénouement de cette recherche. Car enfin, et si cet homme tenait à sa fantaisie pour ne pas sombrer dans une dépression post-traumatique ? Et si ce site, ou plutôt ce mythe archéologique, était sa façon de surmonter les traumatismes ou les désillusions des champs de bataille ? Quid du contexte historique récent ? Dans ce cas, étrangement, au lieu de me trouver sur un site archéologique et plongée dans une nouvelle aventure, je suis en réalité sur un terrain ethnologique « habituel » : la santé mentale en contexte extrême. Je quitte, en effet, trois ans dans un petit camp de réfugiés soudanais, sur un bord de quai bruxellois. Et même si c’est une autre histoire, peut-être, je retrouve, la sensibilité du survivant et sa faculté à rester intègre, ses stratégies pour  conserver son identité, sa dignité malgré les événements, comme une faculté terrienne vivante.

    En attendant de répondre à la réalité ou non de ce site, je n’utiliserai aucun guillemet. A ce stade, le site archéologique existe, sans guillemet et sans aucun doute, comme en est convaincu cet ancien combattant, et quelques autres.

    A. Quelques remarques préliminaires 

    Arturo a accepté mon invitation parce que je suis anthropologue et amie avec un anthropologue nicaraguayen de renom. Sa venue sur le site pourrait être une opportunité pour valoriser son site auprès du gouvernement sandiniste et de la communauté scientifique internationale. 

    Sur le terrain, je garde en tête l’opinion générale comme quoi il n’existe pas de trace archéologique probante (texto d’un collègue nicaraguayen); la fantaisie mentale de l’archéologue autodidacte et son besoin évident d’y croire, notre capacité extraordinaire à l’anthropomorphisme, ma propre naïveté (ou mon désir d’être « Indiana Jones »), les intérêts des uns et des autres à ce que ce lieu existe, ou pas. 

    Enfin, bien que je tente de raison garder, il est intéressant de noter que l’attitude scientifique (rigueur, objectivité, distance, regard critique, …) n’est pas simple à conserver. Je vais tenter de décrire au mieux mes états d’esprit variables lors de mes deux séjours, mon désir d’aider Arturo malgré mes doutes, et la difficulté de rédiger cet article critique qui engage aussi la relation amicale née avec cette enquête. J’ai hésité à anonymiser le nom du chercheur autodidacte et le lieu, et même de publier cet article singulier. J’ai évoqué avec lui le danger des sur-interprétations et son impact sur l’accueil qui serait réservé à ses découvertes par trop extraordinaires. Enfin, j’ai tenté de lui démontrer que les lieux de naissance d’une culture font davantage partie de la cosmogonie que de la réalité historique, mais je m’avance… Pour l’instant, nous sommes sur le site archéologique « El ̈Palmar », et j’y crois.

    B. Séjours sur le site

    Mon premier séjour est court. La première journée, je découvre le site dans sa globalité en voiture, de loin. La plaine où se sont déroulés les combats entre aborigènes et espagnols au 16e siècle, la petite et la grande forteresse de Aztlan et les théories de Arturo, à la fois inspirantes et inquiétantes. En effet, dès les premières heures, la question de la vraissemblance se pose… Mais le soir, je suis enthousiaste ! Tandis que le lendemain midi, je me demande ce que je fiche là. Cette dynamique se maintiendra tout au long de mes enquêtes, de séjour en séjour, mais se verra compliquée par d’autres difficultés, très matérielles, au fur et à mesure des expéditions.

    B.1.Premier séjour

    Sur le sommet de la colline où se trouve aussi notre refuge, j’observe de petites pierres agencées en cercles et en spirales, symboles dans la culture aborigène nicaraguayenne de vie attendue et nouvelle, de vie pérenne et inaltérable[1]. Ces motifs géométriques sont fréquents sur les pétroglyphes, dont ceux de l’île Ometepe, haut lieu archéologique précolombien nicaraguayen, à quelque centaine de kilomètres à peine. Selon le Arturo, c’est ici que les aborigènes précolombiens se rassemblaient pour danser. 

    Cercles, spirales et sorte de « P » construites avec des pierres, au sommet du site « El Palmar ».

    Au loin, le volcan Momotombo

    La deuxième journée, nous partons à cheval à la découverte du site, et cette randonnée n’est pas une sinécure. Je m’accroche à la selle tout en tentant d’éviter des branches agressives, mon cheval me menant par le bout du museau. Je navigue couchée sur ma selle pour ne pas finir étêtée… Mais que les plantes sont sauvages, ici ! Le picot est la norme, certaines vous empoisonnent, d’autres vous gratouillent sous les chaussettes. La matinée, je pense ; cet homme a perdu la raison, je perds mon temps, et finalement, heureusement que la balade est équestre, exotique et sauvage, ça me console de ses élucubrations. Arturo me montre des pétroglyphes, je ne vois rien, il me présente des roches qui sont autant de totems, je ne vois que de vieux cailloux usés par le temps. Arturo parle beaucoup, chaque lieu est pour lui une évidence, et cette évidence irréfutable déroute la chercheuse. Cependant, en même temps, des doutes s’installent par moments qui fissurent mes doutes et provoquent des allers retours constants entre la pensée que cet homme s’illusionne, et celle que cet espace a contenu une civilisation ancienne. 

    Le mur du « temple solaire » est très réconfortant, même si la végétation a déformé la structure et parfois éclaté les pierres. Nous sommes au troisième niveau du côté ouest de la colline « heptagonale » Le chiffre sept est récurrent sur ce site. Or ce chiffre est fondamental dans la culture et la cosmogonie nahualt[2]

    Une des difficultés est la végétation qui recouvre tout, et même, forcément, déforme les traces archéologiques, – sculptures, murailles et pétroglyphes. Les arbres dessoudent des pierres, les racines les marquent de sillons, le vent, la pluie déforment les roches volcaniques. Une autre difficulté du lieu est le travail phénoménal d’Arturo, qui a tendance à influencer ma propre perception du site. Ainsi, si la matinée me convainc qu’il exagère, au minimum, l’après-midi me convainc de l’inverse. Au fond de la vallée, dans une grande cuvette de pierre, la présence de nombreuses petites « baignoires » et des cupules m’incitent à croire que ce lieu est un espace curatif comme il en existe dans toute l’Amérique. Et si ces cavités servaient à fabriquer des onguents, ou à construire des huttes de sudation ? Mon esprit s’emballe. 

    L’anthropologie est ici utile pour se mettre en situation. Je me pose dans l’une des baignoires, et me sens dans un espace aménagé par l’homme pour se profiter des bienfaits curatifs de cette eau de source (en saison). Le calme est extra ordinaire, car le silence règne ; le vent, audible partout, est ici absent, rendu possible aussi par l’absence de végétation. Même les oiseaux sont silencieux. Par ailleurs, selon le guide, de nombreuses espèces végétales sont des plantes médicinales, mais il n’en voit pas, et moi non plus. Ce site seul, que je nomme « les bains curatifs », nécessiterait une équipe pluridisciplinaire spécialisée (géologue, archéologue, …) conséquente et une plus longue immersion. Les cupules peuvent avoir plusieurs usages.

    La troisième journée, un problème familial assez mystérieux nous oblige à quitter le lieu avant terme. Cependant, j’ai la matière suffisante pour poursuivre ma recherche : des articles à lire, des centaines de photographies et vidéos et les écrits de Arturo, dont sa « Carte ouverte au peuple du Nicaragua ». A ce stade de l’enquête, je suis plutôt enthousiaste, et mitigée. Si ce terrain est un site archéologique de valeur, je crains que ce ne soit pas Aztlan, la cité mythique aztèque, comme le prétend Arturo. Et ce sont autant les traces elles-mêmes, -ou leurs absences- qui provoquent le doute, que les avis toujours trop affirmatifs d’Arturo et de ses contradicteurs. De retour à Masaya, je me lance dans l’analyse des photographies et du carnet de terrain, et les archives pour mieux interpréter les données (codex, légendes, rites,…) à partir de leur cosmovision, et cosmogonie.

    Je maintiens mes doutes et entends les certitudes d’archéologues nicaraguayens pour qui la majorité des artefacts de ce site ne sont pas de facture humaine. Néanmoins, je rêve de retourner à « El Palmar » pour poursuivre cette palpitante enquête. Selon moi, à ce stade de l’enquête, il existe tout de même une probabilité sérieuse que ce site contiennent des traces de vies humaines passées. 

    « Bien que » guide mon récit. 

    Quelques exemples de cette première journée et ses « bien que » :
    L’autel de sacrifice. L’un des clous du spectacle, si j’ose dire, est la pierre de sacrifice. Ce rocher de grande taille, de forme rectangulaire, plane et lisse sur sa surface. La pierre de sacrifice est irrégulière, petite pour accueillir un humain adulte, et sans aucune décoration ou peinture. Elle ne ressemble pas aux pierres de sacrifice précolombiennes de ce continent, du Mexique au Pérou. Bien que… Au pied de cette grande pierre, des morceaux de roches de petites tailles pourvues de réservoirs assez réguliers ressemblent à des canaux d’évacuation de fluides. La pierre de sacrifice est trop courte pour accueillir un humain de la taille d’Arturo qui mesure plus d’un mètre quatre-vingt, et donc est bien plus grand que la moyenne de la population nicaraguayenne. Une protubérance sur la surface horizontale permettrait de mettre en évidence le cœur, de sorte que son extraction en est facilitée. 

    Le centre astrologique. Face à la vallée, sur un petit plateau d’une dizaine de mètres de diamètre, des pierres d’une hauteur d’un mètre, un mètre cinquante environ, d’apparence assez brutes, assez fines (quelques dizaines de centimètres) et parallèles, dans un axe ouest/est. Il s’agit de l’espace consacré à l’astrologie et aux prédictions. Cet espace est donc une suite de rochers, sans pétroglyphe ou taille visible, entre lesquels il est possible de se placer, offrante des angles de vue précis. La plateforme est située à flanc de colline et la vue permet d’observer à la fois le mouvement du soleil et les astres. Amas de pierre ou structure organisée ? Cet alignement est-il le fruit d’une éruption volcanique qui aurait projeté ces pierres de façon parallèle par hasard ? Ou, dans des temps très anciens, des humains ont-ils organisé ces roches de sorte que, dans chaque espace entre deux roches, ils pouvaient observer le ciel, et ses mouvements ? Les sociétés précolombiennes sont évidemment célèbres et reconnues pour leurs connaissances extraordinaires en matière d’astrologie, dans un but de divination, prédiction, organisation des activités quotidiennes et des rites religieux. 

    Les stucs de basalte. Nous mangeons au « Musée », soit une cabane qui contient de nombreuses roches taillées (par qui ? par quoi ?) déposées sur des étagères solides de bois et qui proviennent toutes de la même zone, située sur le terrain d’Arturo. Les formes et découpes semblent parfois représenter des animaux, mais je suis incapable de tirer la moindre conclusion. Ce musée contient aussi une pierre pour moudre les grains (metate), dont la taille est clairement visible. C’est la première trace d’une facture humaine sur le site, les pierres de jets (récoltées sur un terrain de bataille en aval du site et rassemblées au camp) mises à part.

    Le totem. Notre première journée s’achève avec la visite du « Totem », en contrebas du refuge. Il représente la présence physique du transcendantal Ometéotl dans le temple Omeyocan[3]. L’élite aborigène et le Conseil des anciens ont matérialisé (dans ce totem) la présence physique de l’énergie contenue dans chacun des quatre éléments de la nature, qui sont porteurs des énergies fondamentales pour la vie de tout être humain[4]En face de ce totem, un « siège » (cf. Annexe), et à côté, une espèce de « sphinx ». Le totem aux figures anthropomorphes est « mieux conservé », m’explique Arturo. Sous le visage vu de face, -et qui me fait face sur la photographie, une forme humaine féminine est visible, avec une poitrine assez clairement sculptée. Un corps humain semble être assis, mais visiblement ce corps ne possède pas de tête. 

    Arturo me fait remarquer au sommet du totem primitif Ometéotl, la cavité qui servait de brasier, représentant ainsi Huehuetéotl, le représentant de l’énergie contenue dans la chaleur ou le feu. Toujours selon Arturola tête est « quelque part autour ». Nous l’avons recherchée et pas trouvée. L’archéologue autodidacte me répète qu’il s’est retenu de creuser ou de déplacer quoi que ce soit, par respect des normes légales en la matière, et par souci de laisser le lieu intact pour les vrais scientifiques qui viendront bientôt. Son histoire est attrayante, et je ne peux m’empêcher d’imaginer la couronne de feu qui illumine et rend mouvant la tête du totem pour impressionner la personne en vis-à-vis et à des centaines de mètres à la ronde. La vue est en effet imprenable, à 360°. Et les trois « sculptures (le totem, le sphinx et le siège) sont placées au centre d’une cuvette et donc visible depuis les flancs des collines et le plateau avec les cercles et les spirales de pierres. 

    Sculptures, bas-reliefs et pétroglyphes 

    Sculpture d’hippopotame à gauche et bas-relief à droite 

    B.2.Deuxième séjour et premières questions conclusions 

    Je retourne au Nicaragua en mars 2024 et reprends contact avec Arturo et Bayardo Gamez, puis retourne (sans Bayardo Gamez) sur le site pour une période de quinze jours. La situation est différente. Arturo est sans le sou, et la condition pour accéder sur le site est que je finance l’expédition, ce que j’accepte. Nous préparons vite-fait l’expédition et dès le lendemain, repartons sur le site. Très vite, je me rends compte que la somme que j’ai donnée pour financer l’expédition ne nous permettra qu’un séjour d’une semaine, car la liste de la veille a été complètement débordée par des achats imprévus (bonbons, coca-cola, poulets, convertisseur, biscuits, …) pour ls enfants qui finalement nous accompagnent. Je me sens un peu « exploitée » et déçue de ce temps raccourci qui ne me permettra pas d’étudier le site en profondeur ; je comptais en effet séjourner un mois … Par ailleurs, pour répondre à la demande » d’Arturo de cartographier le site, je ramène une application qui le permet facilement; «OfflineMaps», mais Arturo «sabote» le travail en m’imposant des consignes qui empêchent une cartographie sérieuse, et finalement m’annonce que ce travail n’est pas nécessaire. Je lui explique par ailleurs que des traces irréfutables du site sont indispensables, et que donc les pétroglyphes sont les preuves les plus évidentes d’une présence humaine sur « El Palmar ». Néanmoins, Arturo me propose de commencer la visite par le plateau supérieur du site, ses hautes murailles, et selon lui, le temple majeur à découvrir au centre du plateau. Nous sommes ici pour une semaine, nous avons le temps. 

    A l’aube, nous repartons à cheval, notre guide en tête ouvre les pistes avec sa machette, à la découverte des murailles et du plateau supérieur … La randonnée est épuisante car la température est très élevée, le vent est chaud et la respiration, courte. Vers midi, nous sommes au pied de la muraille et mangeons.

    L’après-midi, nous avons à peine recommencé notre ascension que Arturo se plaint de douleurs au cœur. La chaleur excessive due en grande partie au changement climatique provoquant des infarctus, nous décidons d’une pause. Nous n’avons pas trouvé au centre de la plateforme la trace du temple mais un nouveau « totem ». Selon Arturo, la roche n’est pas volcanique, donc elle provient d’un autre endroit, donc elle été transportée par les habitants de l’ancien monde. Je ne suis pas convaincue. Par contre, le traçage de la muraille avec l’application « OfflineMaps », permis grâce à des points que je fixe tous les dix, quinze mètres plus ou moins permet d’observer que le mur d’enceinte est droit. Il semble taillé, régulier, de grande hauteur, avec des ondulations, comme dans les illustrations des Codex « Historia tolteca-chichimeca » et « Boturini », qui décrivent les mythiques Aztlan et Chicomoztoc[5]. La visite s’arrête là. Le soir nous rediscutons des pétroglyphes, et je me rends compte que les pétroglyphes sont en fait un seul, caché sous la paroi d’une grotte qui est située sur le terrain de la communauté voisine. Je comprends aussi que le séjour s’achèvera le lendemain à l’aube et ressens que la décision a été prise la veille. Je me sens manipulée. Je ne doute pas des douleurs cardiaques de Arturo mais je m’étonne d’une douleur survenue au moment même où nous allions découvrir le joyau du site et la preuve irréfutable de sa richesse archéologique. Néanmoins, comme lors du premier séjour, mon esprit balance entre négationnisme, scepticisme et enthousiasme. 

    Le lendemain, après le petit déjeuner, une rencontre me place dans une position très délicate. Arturo explique au chef de la communauté que d’une part j’ai envie de visiter la grotte pour photographier les pétroglyphes, et que d’autre part grâce à moi, « « mon » université va leur verser une « monton de plata », -une pluie de financement- qui va enrichir toute la communauté. Evidemment, je n’ai rien dit de tel la veille, et cette affirmation aussi péremptoire que mensongère me met dans une situation très délicate envers la communauté. Je tente, en vain, de lever la main pour demander la parole. 

    Partie II Un long chemin vers « la » vérité

    A. « La route emblématique de Aztlan et Chicomoztoc 

    Arturo étudie le site « El Palmar » depuis sept ans et partage ses découvertes sur les réseaux sociaux. Il écrit aussi, très bien, tel cette « Carte ouverte au peuple du Nicaragua et au Ministre de la Culture. Les entrées de « El Palmar ou la route emblématique de Aztlan et Chicomoztoc ». Ce récit de 492 pages rassemble l’ensemble des preuves de ses découverte archéologiques. 

    La thèse de l’infatigable et autodidacte découvreur est audacieuse. Selon lui, le site « El Palmar » est le noyau le plus ancien de la culture latino-américaine ancestrale préhispanique. Selon lui, (l)’importance de la découverte transcende les frontières du Nicaragua, parce qu’il (le site) est le lieu des origines des antiques peuples Nahatlacas, et que les monuments ancestraux et les éléments physiques archéologiques sur l’actuel site archéologique (…) et autour, conduisent à forger l’évidente conviction/certitude que le principal Centre Culturel des Anahuac (Chicxomoztoc) et le centre cérémonial de Anahiuac (Aztlan), -principale nécropole de Anahuac, est ici, au Nicaragua[6]El Palmar est donc aussi, par voie de conséquence, le lieu de connexion entre la terre, le cosmos, l’homme et l’inframonde et le point de départ de la route énigmatique depuis Aztlan et Chicomoztoc[7]. Aztlan et Chicolmoztoc sont situés, Arturo en est certain, à « El Palmar », dans sa commune, dans son pays. Le fait que les dirigeants aztèques ont détruit les preuves visibles de son existence afin de le protéger des sauvages colonisateurs explique l’état miteux du lieu mythique. La preuve est donc la dégradation.

    A. Origine mythique 

    Les deux illustrations de Aztlan, issues des « El Teoculhuacan Chicomóztoc Aztlan. Codex de l’histoire Toltèque Chichimeca » et la « Carte de Cuahtinchan », prouvent les analyses de Arturo qui retrouve sur le site les espaces culturels et religieux décrits dans lesdits codex. 

    La forteresse heptagonale primitive représentée graphiquement dans le codex Boturini, et lieu de naissance de la tribu aztèque dans le centre cérémoniel d’Aztlán, avait été réutilisée par d’anciennes sociétés aborigènes dans le même but spécifique : premièrement, pour garder les restes squelettiques de couples d’animaux primitifs qui, selon leurs propres récits, sont présents dans le neuvième niveau intérieur de ladite structure,- principale nécropole d’Anáhuak-, et deuxièmement l’espace, plus tard, de la formation philosophique, religieuse et militaire des dites sociétés[8]. 

    Le mur concave périmètral du côté Nord du centre cérémonial Aztlán a été peint en noir. On remarque cependant que ces traces sont aussi celles qui ne sont pas protégées de la pluie, recouverte d’un rocher taillé, semble-t-il, et arrondi. 

    Ainsi, les formes architecturales de Aztan et chicomoztoc (…) coïncident à la perfection avec l’œuvre architecturale primitive heptagonale rouge et noire qui consiste en une superposition de plateformes, mais aussi avec la colline heptagonale située sur le côté sud de la forteresse rouge et noire, ce qui prouve l’existence de l’actuel site archéologique « El Palmar » au Nicaragua. (…) Dans le cas de la forteresse rouge et noire, on retrouve le design géométrique à travers l’union des sept murs périmétraux concaves et dans le cas de la colline heptagonale, altérée par les éléments naturels, les quatre niveaux et les différentes terrasses qu’ils ont tracé à l’aide de pierres de « bolon » ( ?), jusqu’à recréer l’heptagone, qui ressemble à un brocoli[9]

    Notez la couleur noire du mur périmétral concave et le personnage gigantesque en « blanc » en avant-plan, qui nécessiterait le travail professionnel avec un calque pour obtenir le négatif des personnages, pour les identifier (Arturo). 

    B. Analyse critique 

    Introduction 

    Pourquoi ce site d’une valeur inestimable n’est pas encore considéré à sa juste valeur ? Il est pourtant évident qu’Aztlan est le lieu de naissance de la culture dans la cosmogonie aztèque et que le Nicaragua possède les traces archéologiques les plus anciennes du continent. Il est vrai par ailleurs que le Nicaragua est le centre et le « point de passage » entre le Nord et le Sud, comme en témoignent d’innombrables artefacts autour du lac Nicaragua et sur l’île d’Ometepe. Selon Arturo, la jalousie, le manque de financement, et surtout, la conviction fermement ancrée qu’il n’existe aucun vestige de grande taille au Nicaragua expliquent a priori la dénégation. 

    D’autres explications expliquent ce rejet. Arturo, qui étudie seul le site depuis 2007, est un autodidacte, et le site est si «paradoxal» et surinterprété par son « auteur » que son objectivation est complexe. 

    La deuxième photographie montre les découpes qui ont été réalisées dans les deux pièces (base et partie supérieure), pour les épouser parfaitement et ainsi éviter que la pièce supérieure, pesant plus de cent tonnes, ne glisse dans le vide[10]Ces rochers de très grande taille (plus de deux mètres) parfaitement agencés qui sont les bases d’un mur rendent caduques le seul travail des éléments naturels (végétation, éruptions volcaniques, vent, pluie, sécheresse, …) et du temps. Mais de quand date cette construction ? A quoi sert-elle ? Ces rochers de plusieurs tonnes sont-ils réellement une partie de la muraille ? Deux briques ne font pas un mur, même entouré de briques. Toutes ces questions entraînent, dit-on en langage juridique, un doute raisonnable, mais aussi une acceptation de fait, provisoire, de ses explications sur le terrain, aussi parce que nous parlons en espagnol, que je ne connais pas grande chose à la cosmogonie aztèque, que Arturo parle beaucoup et que je ne comprends pas tout… 

    J’ai tenté d’apporter ma pierre à l’édifice, si j’ose dire, en me distançant totalement du travail d’interprétation d’Arturo pour me concentrer sur les éléments irréfutables. La photographie ci-dessous atteste d’une manipulation humaine.

    C. Techniques de fabrication de preuves : le bonimensonge 

    (Le bonimensonge n’est pas un mensonge)

    Introduction 

    Sans doute devinez-vous, au crépuscule de ce travail, où se cache le trésor convoité par Cortes et les envahisseurs venus d’Occident… En effet ! Moctezuma, face au danger, a tracé une route secrète vers Aztlan situé au Nicaragua afin que personne ne trouve la précieuse cité. Il a demandé à ses guerriers de détruire le lieu afin que les fanatiques espagnols ne le découvrent jamais. Ainsi, tandis que certains bouchaient les entrées de l’infra monde et les accès aux plateformes sacrées, d’autres s’employaient à détruire les sculptures et les temples, afin que jamais, personne, ne découvre Aztlan et Chicomóztoc. Cet épisode a eu lieu au XVIe siècle, et la bataille sur la plaine de « El Palmar » témoigne de la réalité du site archélogique, de même que les sculptures détruites, les entrées des souterrains bouchés. 

    Comment travailler avec de telles conclusions préalables ? Comment Arturo, qui est un homme intelligent et cultivé, a-t-il pu « en arriver là » ? Et quelles sont ses astuces pour construire une telle fantaisie? A quoi servent ces échafaudages ? Y croit-il lui-même ? Ll’histoire récente du Nicaragua m’inspire des hypothèses, davantage de l’ordre de la psychologie que de la malhonnêteté. C’est dans la désillusion et la peine, le regret, la résilience poétique et le désir. 

    Et la fin de l’article « Los Pochtecas en Niac Anawak », que m’a partagé Arturo, invite à une lecture sensible et divers niveaux de lecture. 

    Techniques de fabrication de preuves 

    J’achève cet article par l’analyse critique de quelques éléments « archéologiques » du site « El Palmar » et quelques méthodes du créateur pour ôter guillemets et conditionnel. 

    14 Ils (les espagnols) commencèrent alors à régler les détails et à étudier en profondeur la dispari8on du trésor qu’ils avaient eux-mêmes observé à l’intérieur du temple principal de Tenoch8tlan, ce qui leur fit comprendre qu’après l’arrivée de l’expédi8on que Moctezuma avait envoyée au lieu d’origine de les Mexicas, vers Aztlán, Moctezuma et les membres de son élite gouvernementale avaient tracé une route secrète vers Aztlán, es8mant même le temps qu’il leur faudrait pour se rendre à ce lieu, qu’ils avaient u8lisé le 30 juin de l’an 1.520 pour transporter le trésor très convoité à cet endroit. 

    Sophisme et tautologie abondent, de même qu’implication (non logique) et déduction. Quoi qu’il en soit, ces exemples prouvent que la méthode du détail et de l’interprétation à l’outrance est contre-productive. 

    L’anthropomorphisme est humain. Il aime se reconnaitre et reconnaître des images « réelles », comme nous voyons dans les nuages des lapins, des chats, … Il me semble, de fait, avoir « reconnu » de nombreuses sculptures et pétroglyphes, mais Arturo m’emmène, sur un site de deux kilomètres carrés, d’« artefact » en « artefact ». Il arpente le site depuis sept ans, et a donc eu largement le temps de trier les roches dont on ne pouvait rien tirer, et celles qui provoquent le doute, voire l’enthousiasme. Je suis entraînée à regarder chaque pierre du site comme une sculpture, et ça fonctionne assez bien… 

    Pável X, découvreur de l’actuel site archéologique d’El Palmar et créateur de la théorie de la découverte d’Aztlán et Chicomóztoc au Nicaragua, pose sur l’autel principal ou rocher sacrificiel, recréant la position dans laquelle étaient placés les corps des sacrifiés, exposant le zone de la cage thoracique où le prêtre faisait une incision pour extraire le cœur du sacrifié, le reste des membres et le liquide sanguin étaient collectés sur un rocher situé sur le côté nord inférieur du rocher sacrificiel, de lequel est descendu le liquide sanguin, qui a été collecté dans une autre roche plus petite, dans laquelle a été créée une cavité rectangulaire, qui présente trois canaux ou rainures, l’un projeté vers l’hémisphère oriental et l’autre vers l’hémisphère occidental, et le dernier vers l’hémisphère nord. , où s’écoulait l’excès de liquide sanguin[11]

    Arturo couché sur la pierre de sacrifice : 

    Et s’il s’agit d’une pierre de sacrifice, ceci serait une cuvette pour recueillir du fluide. elle se situe en-dessous de la pierre principale.

    Serpent ou tortue … Ou hasard volcanique et anthropomorphisme

    La deuxième « astuce », évidente, est de noyer le « faux » dans un océan de « vrais ». En effet, Moctezuma Xocoyotzi (…), fut cruellement assassiné par les envahisseurs espagnols le 29 juin de l’an 1520[12]. C’est un fait historique qui appartient à une Histoire d’un continent dont les cultures fascinent l’Occident, mais que l’Occident a massacré. Le sacrifice rituel est devenu un génocide. Les « Conquistadors » ont décimé les cultures mésoaméricaines, les ont été rayées de la carte et « ensauvagées ». La disparition brutale des humains ; des tribus, de certaines espèces d’animaux ; les codex et parchemins brûlés ; les bijoux et objets rituels, fondus ; les croyances étripées, … Ce « vide » permet à Arturo de « combler les trous ». C’est dans les interstices d’une Histoire tragique que Arturo a construit la sienne. Ce qu’il reste de l’Histoire, mythes et légendes étayent ses découvertes et sont réutilisées pour donner du sens à la trace. 

    La solitude est une traîtresse. Seul sur le site depuis 7 ans, Arturo ne se confronte à aucun point de vue divergent. Il peut littéralement s’enfoncer dans ses croyances sans personne pour apporter quelconque contradiction étayée. Cet exemple nous permet de comprendre pourquoi la confrontation et la comparaison des sources et des points de vue sont essentiels pour construire une théorie scientifique. A certains égards, c’est trop tard. Sa réputation est faite et donc, même si le site est archéologique, il est a priori rejeté comme tel, et ce fait est regrettable au regard de la pléiade d’éléments vraiment intéressants. 

    Une conséquence de ne pas être cru et d’être traité de fou, est qu’au fil du temps, Arturo a plongé dans sa théorie de plus en plus profondément. Face aux dénégations, Arturo multiplie les preuves. Ainsi, non seulement le chercheur a des conclusions divergentes de la majorité des historiens, anthropologues et archéologues, mais surtout, il détaille ses certitudes, jusqu’à habiller ses calciques et colorer ses murs comme dans les illustrations des codex. Mais la nature est facétieuse et de nombreux champignons colorent les roches. En réalité, il faudrait des géologues et des techniques scientifiques pour étudier ce terrain. 

    L’accumulation est donc l’une des plus grandes faiblesses de l’argumentation de l’archéologue autodidacte. Noyer le poisson, dit-on. De même l’écriture est-elle terriblement redondante, comme si, à répéter vingt fois la même évidence historique, on ne s’apercevrait pas de l’astuce. L’abondance de pierres taillées (par qui ? par quoi ?) qui sont assemblées dans « le musée » proviennent « toutes du même lieu » (que je ne verrai pas) et qui assurément, présentent une similarité. Taillée par l’homme ou par la racine d’un arbre, stuc de murs comme il en existe au Mexique, je ne saurai le dire. Cette façon de faire est la même pour des centaines de pierres rondes qui sont, c’est évident pour Arturo, des « pierres de jets » qui ont « servi » à défendre le site « sacré » des colonisateurs espagnols, et qui sont rassemblées sur une table, derrière notre refuge. Les pierres rondes, de trois tailles, entre 10 et 15 centimètres, proviennent, selon lui, du même endroit ; la plaine où ont eu lieu les combats. Cependant, j’assiste, lors de mon deuxième séjour, à une scène touchante et symptomatique : le fils de Arturo ramasse une pierre ronde sur la plateforme supérieure pour la ramener au camp. Rejoindre la pile d’autres pierres rondes et constituer une « arme de jet » supplémentaire ? 

    Par ailleurs, Arturo répète qu’il s’est empêché de creuser ou de déplacer quoi que ce soit par respect des normes légales en la matière et par souci de laisser le lieu intact pour de vrais scientifiques. C’est tout à son honneur, mais évidemment, ça empêche toute authentification ou dénégation. Ainsi, la plaine où se sont affrontés les colons espagnols et les aborigènes… Si effectivement, des combats sanglants ont eu lieu sur la plaine pour protéger le site sacré, de nombreux objets (épées, cuirasse, etc) devraient être retrouvés, voire même simplement devinés grâce à un détecteur de métaux. Nous restons donc dans un flou perpétuel, d’où aussi les fluctuations mentales et hésitations lorsqu’on visite le site. 

    Autre fait, vécu. Les idées et points de vue des visiteurs sont écartées si elles divergent de ses convictions, mais sont intégrées dans son récit dans le cas contraire. De même, les visiteurs sont photographiés, comme autant de témoignages de l’intérêt du site, et indépendamment de leur avis. 

    Une autre technique qui permet la confusion est de redessiner les « pétroglyphes », et ce à l’aide d’un stylo numérique, directement sur les photos. La méthode n’est pas inintéressante mais elle tronque davantage encore la lecture du néophyte. La méthode du calque serait bien plus classique et raisonnable. Mais à nouveau, et c’est une réalité, Arturo évoque le coût du papier calque « archéologique » de grande taille. Selon Alejandro Davilas Bolanos, archéologue et médecin nicaraguayen célèbre et pionnier indigéniste, les tribus qui habitent aujourd’hui au Nicaragua ont émigré depuis le Chiapas, au Mexique. Au contraire, selon Arturo, c’est du site « El Palmar » et d’une culture originale et originelle que sont parties les sept tribus qui ont essaimés dans toute Abya Yala, dont les cultures aztèques qui se retrouvent du Mexique au Guatemala. Son opinion est donc inverse à celle du docteur Davila Bolanos dont, la thèse, qui date de 1963[13], a été infirmé par des recherches plus récentes, dont celles de Daniel Scavelzon lors d’une conférence intitulée « Las migraciones nahuas de México a Nicaragua según las fuentes históricas » (29 avril 2006)19, et qui cite d’ailleurs, entre autres, Alejandro Davila Bolanos. Ce qui est évident et prouvé, c’est que le Nicaragua, situé au centre du continent, a été un point de rencontre pour les cultures du Nord et du Sud, comme en témoignent de nombreux artéfacts préhispaniques. Une migration du centre vers le Nord du continent est envisageable, mais va à l’encontre de toutes les études scientifiques actuelles les plus sérieuses, même si, de l’aveu de Daniel Scavelzon lui-même, la question des origines et des migrations est loin d’être résolue. Inverser le mouvement migratoire des populations latino-américaines est certes pratique pour étayer sa théorie, mais non prouvable, et très peu probable. 

    Cependant, l’archéologie en pleine mutation depuis quelques décennies et les outils scientifiques récents pourraient laisser espérer de nouvelles découvertes au Nicaragua, assez peu étudié jusqu’à aujourd’hui, aussi parce selon la tradition archéologique et historique, ce pays ne possède aucune « grande » civilisation. A cette affirmation, Arturo répond par le sophisme/ et la tautologie : ce n’est pas parce qu’il n’existe pas de traces archéologiques préhispaniques de grande ampleur au Nicaragua qu’elles n’existent pas. Et effectivement, régulièrement, de nouvelles découvertes infirment cette affirmation. Ainsi, vient-on de découvrir en Amazonie un « vaste réseau de cités »[14] alors que longtemps l’archéologie et l’anthropologie considéraient que les habitants vivaient nus, armés de sarbacanes, dans de petites cabanes dans de petits villages biodégradables… 90 % de la population du continent ayant été décimée lors de la conquête occidentale, de même, les cités, villes ont pu disparaître aussi, aidée en cela par un climat tropical et une végétation « luxuriante »[15].

    Les Codex et les légendes mésoaméricaines traditionnelles fabriquent le site. Ainsi, les illustrations d’Aztlan sont la copie parfaite d’« El Palmar » et deviennent une carte du lieu à l’identique. Ce procédé est par trop évident : aller chercher dans les écrits existants (codex, articles scientifiques, ouvrages d’histoire) les preuves de sa théorie, et écarter tout ce qui la démonte. Arturo, selon ses propres dires, récrée les « liens »[16] Cette faute méthodologique empêche de considérer ses analyses comme plausibles. Elle le dessert, quelle que soit la part de réalité archéologique du lieu. 

    L’obsession est une énième faille de jugement. La plateforme supérieure d’« El Palmar » est la copie parfaite de l’espèce de brocoli, comme l’écrit Arturo, que l’on aperçoit sur les deux illustrations et qui représente la genèse des sept tribus originales. Cette plateforme est d’ailleurs, selon une chercheuse de l’université d’Oxford (selon Arturo), l’espace le plus intriguant d’El Palmar. C’est pour cette raison que nous avions entrepris cette « promenade » ce jour-là. Lorsque nous atteignons enfin le sommet, Arturo s’attend à découvrir, en son centre, le temple de cérémonie où les caciques et religieux officient. Lorsque je pointe, avec l’application « OfflineMaps », chaque rocher concave du premier « mur » de la « forteresse », j’obtiens une ligne parfaite, aussi droite qu’un mur de forteresse construit par des humains, et ce quasiment sur toute la longueur… Fait étrange, alors que ce fait me paraît important, il ne semble pas retenir l’attention de Arturo, très obsédé par la découverte du temple central, que nous ne trouverons pas. Selon sa méthode, le temple doit se situer au centre de la plateforme comme indiqué sur les codex. Je me sens obligée d’ajouter que la végétation couvre tout et que nous avançons sur cette plateforme mètre par mètre. Ce n’est donc pas parce que nous n’avons pas vu ce temple qu’il n’existe pas. Cependant, il me faut admettre que les murs sont effectivement (plus ou moins et pas exactement) en forme de «brocoli» et que des pierres, de formes assez rectangulaires et planes, semblent paver un chemin. 

    La datation du site est un autre élément intéressant de la mécanique de fabrication du lieu sacré. Des murs de grande taille semblent attester que l’humain a bien agi sur la nature, a transformé le lieu pour y réaliser au moins une construction. Aucune datation (carbone 14 par exemple) n’a été envisagée par les archéologues invités sur le site. 

    Des questions financières sont à l’origine de ce manque, qui permet à chacune des parties de rester camper sur ses positions. Sans datation, tout le monde a raison. Cette absence est aussi très problématique, car elle permet des sauts temporels extraordinaires qui expliquent toute dissonance. Ainsi, l’âge quasi préhistorique du site (-2600 ans minimum) explique la très grande dégradation des sculptures et pétroglyphes. Et bien évidemment, si le lieu précieux, il a pu être fréquenté des milliers d’années. Car quelque 4500 ans séparent ces deux dates. Et pourtant on y trouve aucune trace d’habitation, aucun artéfact, aucun objet du quotidien. Cela s’explique, selon Arturo, par le fait que l‘espace n’était pas un lieu d’habitation mais de cérémonie… Mais alors, pourquoi ce temate dans le petit musée ? Seules des fouilles archéologiques en bonne et due forme permettraient de répondre à ces questions. 

    Une pierre gravée prouve que des humains ont récemment fréquenté ce lieu. Je n’ai pas vu de mes yeux mais la voici photographiée par Arturo : 

    Ce rocher est un morceau de « la petite forteresse préhispanique », qui est aussi un lieu d’observation des astres et des ennemis éventuels, car il permet une vue exceptionnelle sur la vallée et les deux flancs de montagnes. Arturo note que ce bloc a été récemment brisé puis renversé de son socle[17]. On peut lire assez distinctement, « FSLN », offrant une datation assez précise : probablement entre 1978 et 1991, – début de l’insurrection de libération nationale et guerre de défense du territoire contre les « Contras »-24, après juillet 1961, assurément. Ce pétroglyphe est donc postérieur. 

    Enfin, il faut être attentif pour se rendre compte que les plus beaux pétroglyphes, les plus lisibles, ne sont probablement pas dans le périmètre du site.

    D. Conclusion 

    Quand je me suis décidée à écrire cet article, je n’y croyais plus. Et puis, au fil de la rédaction, je me suis rendue compte, que de nouveau, j’oscillais entre croyance et critique, mais tenue par l’espoir de la réalité du site archéologique. Tellement de pierres confondantes, et s’il avait raison ? Non pas que ce site est la convoitée Aztlan, mais un lieu archéologique? En réalité, nous ne sommes pas très loin de Managua et du lac Xolotlan. Sur l’île Ometepe, de somptueux vestiges d’une culture préhispanique témoignent de la longue et palpitante histoire des habitants de « Nic Atlanahuac », -le Nicaragua-. A quelques dizaines de kilomètres à vol d’oiseau du site « El Palmar »

    L’honnêteté intellectuelle est mère de l’enquête anthropologique, elle me pousse à envisager toutes les hypothèses, même en conclusion. «El Palmar» est une fantaisie, un cas d’école qui illustre notre faculté anthropomorphique et notre talent à nous raconter des histoires , certes. Peut-être un lieu où les rochers se tatouent, en bas-reliefs, les figures singulières de leur cosmogonie que nous interprétons à notre image ? Ou encore la résilience poétique d’un homme qui se construit un monde pour lutter contre les mauvais souvenirs ? Il faudrait en finir une bonne fois pour toute, envoyer une équipe pluridisciplinaire et « percer l’abcès » de ce lieu habité, de temps à autre peut-être, par de plus ou moins grandes sociétés humaines, végétales et animales, dans un univers ensoleillé d’eau, de vent, de terre et de feu, depuis des milliers d’années ? Une cosmologie. Peut-être un lieu de refuge, pour quelques guérilleros et guérilleras d’il y a plus de 1000 ans et bien moins de cent. Mais certainement pas rien. 

    Une disgression pour conclure. Ce retour au passé mythique d’un peuple qui a subi une colonisation sanglante s’inscrit dans un mouvement de récupération physique et spirituel que l’on observe dans le « sud global », autant en Amérique latine qu’en Afrique. Le Blanc n’est plus attractif. Au Nicaragua, ce changement est visible, j’observe depuis quelques décennies une baisse du colorisme, soit la peau claire comme gage de beauté. Désormais, les traits « typiques » sont davantage valorisés, de même que la culture précoloniale, même si ce chemin de résilience se confronte aussi à un « américanisme » évident, surtout chez les jeunes, en particulier depuis l’évènement du téléphone portable et la fin des souvenirs vivants de la révolution sandiniste. Cette réappropriation de soi, qui va de pair avec la désappropriation de l’Autre colonial, maître étalon du monde globalisé, est lente, artificielle surtout au regard du temps et de la perte définitive des cultures originales. C’est une reconstruction qui va de pair avec des événements récents tels la pandémie ou les changements climatiques. C’est une réconciliation avec soi qui passe par le divorce de l’autre. Bien évidemment, c’est un peu facile de se moquer des exagérations, des inventions, des erreurs de l’Autre, comme je le fais dans ce travail. Mais en réalité, je nous invite à poser une autre question: et si nous avions tort de tout objectiver ? Et si le rêve avait plus de réalité que la preuve scientifique ? Et si nos réalités, technologiques, scientifiques, étaient du vent ? Et si, même en matière de solutions à la crise climatique, bien qu’elles apparaissent insensées, provisoires, illusoires, « ils » avaient raison ? Nous sommes enfermés dans un « Connais-toi toi-même » grec, sans arriver à sortir de la matrice, sans parvenir à imaginer que « je » n’existe pas sans l’Autre, dans d’autres cultures? Sans parvenir à accepter qu’une agora sans les femmes, les métèques, les enfants n’a aucun sens. Alors, Arturo a raison, même s’il a tort, parce que c’est sa réalité, celle de son peuple et leur chemin vers la vérité et que n’avons pas à nous en mêler. Alors, le petit paysan qui soigne sa terre avec ses méthodes ancestrales pour lutter contre la montée des eaux, persuadé qu’il peut sauver son monde, aurait autant raison que nous. Car de cette autre réalité, même insensée, même contredite par la science, sortiraient d’autres solutions, qui ne désapproprieraient pas le natif de sa terre sous prétexte de sauver la nature, le monde. 

    25 

    une série d’empreintes humaines préservées par les cendres volcaniques, les 
    empreintes de pas d’Acahualinca rappellent les premières civilisations qui vivaient 
    dans ce qui est aujourd’hui la capitale du Nicaragua, Managua et datent d’environ 
    4000 ans avant Jésus-Christ[18]Ces empreintes sont les plus anciennes du continent. 

    Je me remémore cette conclusion de Arturo : Qu’auraient donné les soi-disant conquistadors, chroniqueurs ou monarques espagnols pour découvrir Aztlán et Chicomóztoc ? Que donneraient ceux qui ont payé de leur propre vie pour que ce lieu sacré soit remis aux dirigeants actuels de la pointe sud de l’Anahuac, Nikan Anawak Dieu a décidé de le remettre entre leurs mains (celles de Arturo, ndlr), « c’est pourquoi il est apparu », nous devons empêcher les intempéries et ceux qui ignorent ou nient sa véritable valeur historique et culturelle de continuer à le détruire, car tout cela fait partie intégrante du patrimoine culturel historique du peuple du Nicaragua et de l’humanité. Pour cela et bien plus encore, le Nicaragua est bien plus grand que nous l’avions rêvé[19].

    Vrai ou faux ?

    Et vous ?

    Qu’en pensez-vous ? 

     Totem

    Autel ou rocher sacrificiel, que les aborigènes originaires du centre cérémoniel d’Aztlán ont créé sur la plate-forme supérieure (quatrième niveau) de la colline heptagonale ou Huey Teocalli, p.61 

    Ou amas de rochers ?

    Coyote avec la pleine lune en arrière-plan, peut-être que l’artiste autochtone représentait la scène d’une éclipse ou un nahual (guerrier coyote), p. 77 

    Merci pour votre lecture ! 

    E. Sources et références 

    Duarte P., « Carta abierta al pueblo de Nicaragua y al Ministerio de Cultura , Las entrañas de El Palmar o la ruta enigmática hacia Aztlán y Chicomóztoc “, inédit, Managua, Nicaragua, (2023) 

    Davila Bolanos, A., « La medicina Indigena Pre-Colombina de Nicaragua » (1974). Gamez, B., Œuvres complètes 

    Schavelzon, D., “Las migraciones nahuas nde Mexico a Nicaragua según las fuentes historicas, abril 2006, Ponencia realizada por Arqlga. América Malbrán Porto y el Arqlga. Ivon Cristina Encinas Hernández del Posgrado en Estudios Mesoamericanos, FFyL / UNAM, México en el marco del The Gordon R. Willey Simposium in the History of Archaeology realizado por The Society for American Archaeology 71st Annual Meeting en San Juan de Puerto Rico el 29 de Abril de 2006. Co-organizadores: Daniel Schávelzon and Eleanor King. 

    Codex Boturini. En ligne.

    Codex El teoculhacan Chimoztoc. En ligne.

    “El Códice X o los anales del grupo de la Tira de la Peregrinación. Evolución pictográfica y problemas en su análisis interpretativo”, par María Castañeda de la Paz, p. 7-40. En ligne.
    https://doi.org/10.4000/jsa.2809 

    “Seven Lineages of Chicomoztoc and Teotihuacan and Aztec Migration from Aztlan”, 01/04/2014. En ligne. https://inclusivebusiness.typepad.com/indigenous_elsalvador/2014/01/7-lineages- and-aztlan.html 


    [1] Explication de Jesus Castro, directeur du Musée ethnographique Nacudari, où je loge, à Nindiri, au Nicaragua

    [2] Davila Bolanos, A., L médicina Indigena Pre-colombina, 1974, Esteli

    [3] Ibid, p. 22 

    [4] Ibid. « La élite intelectual aborigen y el Consejo de Ancianos se vieron en la necesidad de materializar la presencia física de la energía contenida en cada uno de los elementos de la naturaleza, quienes son portadores de las energías fundamentales para la vida de todo ser. »

    [5] Les cités de Aztlan et Chicomoztoc, qui sont parfois les mêmes ou parfois le lieu d’origine et un lieu de passage des sept tribus, sont tradi=onnellement situées au Mexique, mais n’ont jamais été découvertes.

    [6] La traduction est non littérale.

    [7] Aztlán est le Centre cérémonial qui contient la genèse de la tribu Aztèque. Chicomóztoc est le nom du lieu mythique à l’origine des peuples Tepanecas, Xochimilcas, Chalcas, Acolhuas, Tlahuicas, Tlaxcaltecas et Mexicas. Aussi connues comme « Les sept tribus nahuatlacas » dans la region centrale de Mexico, període post-classique.

    [8] Duarte, P., Carta abierta al pueblo de Nicaragua, page 7

    [9] Idem, p. 255-267

    [10] Ibid, p.95

    [11] Duarte P., « Carta abierta al pueblo de Nicaragua y al Ministerio de Cultura , Las entrañas de El Palmar o la ruta enigmática hacia Aztlán y Chicomóztoc “, inédit, Managua, Nicaragua, (2023), p.65

    [12] Ibid, p.1

    [13] DAVILA BOLANOS, A., origen Nahualt del nombre Nicaragua Indigena. Organo del InsLtuto Indigenista Nacional. Segunda Epoca. N°37. Managua, Nicaragua. Julio-Diciembre. Pp. 13-17, cité par
    Schavelzon, D., “Las migraciones nahuas nde Mexico a Nicaragua según las fuentes historicas, abril 2006, Ponencia realizada por Arqlga. América Malbrán Porto y el Arqlga. Ivon Cristina Encinas Hernández del Posgrado en Estudios Mesoamericanos, FFyL / UNAM, México en el marco del The Gordon R. Willey Simposium in the History of Archaeology realizado por The Society for American Archaeology 71st Annual Meeting en San Juan de Puerto Rico el 29 de Abril de 2006. Co- organizadores: Daniel Schávelzon and Eleanor King.

    [14] « Des archéologues découvrent une cité », in hQps://www.ledevoir.com/societe/science/805143/archeologues-trouvent-cites-perdues-foret- amazonienne?#:~:text=Des%20archéologues%20ont%20mis%20au,par%20l’archéologue%20Stéphen%20Rosta

    [15] De même, dans “The Nuers »,Evans-Pritchard parle d’une immense construcLon détruite par les colonisateurs. A l’inverse de Arturo, et dans un volonté inverse, les chercheurs occidentaux ont-ils eu tendance à réduire, voire à supprimer toute trace d’existence de sociétés élaborées dans d’autres mondes que le leur.

    [16] Ibid, p.4

    [17] Ibid, p. 289

    [18] “Huellas de Acaéhualinca », in hQps://www.peLhute.com/v52740-managua/c1173-visites-points-d- interet/c976-archeologie-arLsanat-science-et-technique/c973-site-archeologique/285553-huellas-de- acahualinca.html

    [19] Los Pochtecas en Nican Anaak, février 2024, texte inédit de Arturo Duarte, p.7

    En route !

  • Bocas del Toro

    L’archipel panaméen de Bocas del Toro, qui attire désormais, depuis les années ’90, aussi le tourisme animalier et l’éco-tourisme en plus du surf et du loisir, est marqué par une intense cohabitation multi-ethniques et multi-espèces, où l’espace partagé avec des animaux sauvages désorientés génère des conflits interspécifiques et interhumains croissants, et de nombreuses pertes.

    La construction d’une route élargie et éclairée qui entoure et traverse l’île de Colon en 2023-2024 a augmenté le danger pour de nombreuses espèces sauvages, comme les singes hurleurs, les serpents, les tortues, et de nombreux insectes. La privatisation des espaces, de droit ou de fait, grignote la jungle, la rabote et la parcellise, la « tranche », aussi, avec ses fils barbelés. L’espace de la jungle se réduit, visiblement, et désormais, aux oreilles, « dans » la jungle, la route n’est jamais loin.

    Au profit d’un tourisme de masse qui ne semble pas profiter tant que ça aux habitants bocaneros ; la perte du lieu, de leur milieu, et les pollutions croissantes, visibles (poussière des travaux), senties (eaux stagnantes très odorantes) et invisibles mais tangibles. Le dérèglement climatique semble accroître (le sentiment de), la dépossession (habitat, chasse, pêche,…). Et des écarts de salaires et de revenus qui conservent la structure coloniale.

    2023. Je décris dans « méthode » ; « ma » rencontre avec « mon » sujet ethnographique. Sur la route entre Panama City et l’île de Colon, sur la route, sur les barrages, j’ai pu réaliser combien la préservation de l’environnement (qualité de l’eau, santé des enfants, perte d’aliments traditionnels (poisson) était au coeur des préoccupations des habitants, dont l’indigénisme était revendiqué par les costumes traditionnels, et les discours, métaphysiques*** que nous voyons et entendons aux points de rencontre, c’est-à-dire aux barrages

    2025. Des barrages, des revendications, et la santé des enfants, poignante.

    Les effets quotidiens du néolibéralisme sur l’environnement, déjà dénoncés lors du mouvement de contestation indigène contre la mine en novembre 2023 -dégradation écologique rapide (pollution de l’eau et des sols, déforestation massive), transformations socio-économiques, contraintes législatives (désignations de sanctuaires, restrictions sur la chasse et la pêche) et changements culturels (urbanisation, parcellisation, privatisation, expropriation de locaux migration et conflits territoriaux)- est ressenti et vécu comme le retour sans fin de l’ordre colonial.

    1985 (Atlas)

    Légende : en haut, la petite « extension » : ville de Bocas (en rouge « humedales, pantanos y manglares » & en brun le littoral altéré par action anthropogénique par action antropogénica). A l’est de l’île … la plage de sable existe toujours (1985-2025), mais est désormais « anthropologisée ».

    Histoire

    La prolifération des habitations et espaces de loisirs pour les touristes résidentiels et occasionnels occidentaux sur une ile où l’histoire coloniale remonte au quatrième voyage de Christophe Colomb en 1502 entraîne des sentiments mitigés sur l’île.

    De gauche à droite. En 1502, l’arrivée de Christophe Colomb entraîne une chute brutale de la population, voire sa disparition. De 1502 à 1800, 300 ans durant, la population remonte à peine, augmente avec l’industrialisation (Bananes Chiquita à partir de 1885) et explose avec le tourisme de masse dès les années 1990.

    Ici, la courbe de population est corrélée avec les industries ; de United fruit Company Plantations) en 1900 au tourisme de masse. Il est garder en mémoire les 150.000 touristes qui visitent l’archipel chaque années et atterrissent en général sur l’île de Colon.

    On dira pour résumer, en attendant meilleure description, que les communautés (indigène, afro-descendante, caribéenne, métisse, occidentale) sont autonomes mais néanmoins reliées entre elles, au moins au niveau économique et par l’Histoire, même en post colonie/processus de décolonialité, qui passe pour nombre de « locaux »/locales, par la fierté des origines.

    Environnement

    Octobre 2013On observe sur cet amandier des branches et des feuilles sèches, et des autres en pleine santé. Ce fait est récurrent, en Belgique aussi. Le figuier de mon jardin, par exemple, fait des figues tout le temps, même au début de hivers chaque période de chaleur anthropocène… Cet amandier photographié en novembre 2023 n’existe plus en 2024, pas plus que les autres arbres derrières. Des amandiers ont été replanté, dans l’espace anti-corrosion.

    Dans le sillage des auteurs et de leurs connaissances, j’observe les traces révélatrices. Sur une île du touristique de masse anthropocène (tourisme bananier) de la qualité de Colon, ces traces, même celles en bitume, comme les routes, se transforment très vite. La petite taille du terrain deux/trois fois par jour (aube et après-midi) et son insularité rend possible la visite de toutes les routes primaires et secondaires, à vélo, en quelques jours. La régularité d’un métronome est indispensable pour recueillir les données avec précision. Cette démarche d’arpenter l’île à pied ou à vélo a un autre avantage : elle m’a rendue cocasse auprès des habitants, et la lenteur me permet des rencontres et des échanges pertinents. Les retrouvailles d’un séjour à l’autre renforce l’amicalité autour du projet ethnographique, car les habitants sont majoritairement enclins à réfléchir/penser/adoucir/accompagner les dérèglements rapides de leur milieu de vie.

    Avec la nouvelle route, un nouveau système pour lutter contre la montée des eaux. De gros cailloux sont amassés dans un gros filet (survivra-t-il longtemps à la force des marées ?)
  • Procès Pélicot

    PARTIE I – LES VIOLEURS

    PARTIE II – LES COMPLICES

    PARTIE I – LES VIOLEURS

    Un résumé de chacun des accusés est présenté ici.

    La liste est longue … qui s’allongera jusqu’à complétude. Beaucoup a été dit ur le procès Pélicot, le procès de la honte qui change de camp. Je relève ici les exemples signifiants récurrents qui tendent à rendre visible la structure du système patriarcal sous-jacent aux violences sexuelles, et au déni de la majorité des violeurs, malgré que l’agression est filmée, donc visible. Ce travail s’attache à analyser les « socles » de violence maligne patriacapitaliste, récurrences déjà énumérées dans pornographie, Infanticide, Ecocide. Marchandisation, érotisation et animalisation, domination et déni de cette domination, c’est toujours la même mécanique d’oppression et les mêmes rouages de violence et du déni consécutif. L’objet est la résilience, et ses outils.

    Daniel Pélicot, Le bon mari

    infanticide

    mécanique-s : portraits de violeurs

    L’Antillais n’a « pas été capable de dire non au blanc » (1).

    Comment ne pas penser à cette citation d’Aimé Césaire?

    « Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme. »

    Le viol par névrose fanonienne dont un symptôme est le complexe d’infériorité => Comment ne pas rebondir sur l’expérience de Milgram ? il ne s’agit pas d’excuser, mais de comprendre les rouages pour décortiquer l’agressivité maligne aussi innée et construite.

    Joseph Cocco très investi (2)

    69 ans

    Cet ancien commercial, très «investi» dans son rôle de père auprès de sa fille, a rapidement eu des doutes sur le consentement de Gisèle Pelicot. «Il m’avait dit “elle ne participera pas au début”.» Faute de réaction de sa part à ce qu’il désigne comme «une caresse libertine», il serait parti, non sans être resté une dizaine de minutes.

    «Si j’avais su qu’il m’avait filmé, ce monsieur, je serais allé le dénoncer.»

    Entraîneur sportif, il a formé durant plusieurs années les forces de l’ordre au karaté. Cités comme témoins, trois anciens policiers, ayant évolué notamment à la DGSI, sont venus lui apporter leur soutien. Parmi eux, Fabio R. tentait, comme pour le laver des accusations : «Mon métier a été de surveiller et d’écouter les gens. J’ai une capacité à détecter les menteurs.» Un autre arguait même qu’il aurait eu toutes les qualités pour entrer dans la police.

    Romain V, « piloté par Dominique Pelicot» (3)

    A ouvert la porte au surnaturel pour expliquer des viols commis à six reprises entre 2019 et 2020. Il était «possédé» lorsqu’il a violé Gisèle Pelicot. Plus terre à terre, il souffle au procès : «J’ai été piloté par Dominique Pelicot.»

    Didier Sambuchi, le viol « involontaire » (4)

    Age : 68 ans. Profession : Retraité d’une société de transport.

    «C’est pas à moi qu’il faut en vouloir madame, c’est à votre mari.»

    Patrick Aron, pour faire plaisir au mari (5)

    Jacques Cubeau (6)

    «Je le répète encore, j’étais dans une situation que je ne maîtrisais pas, nu dans une chambre avec un mari qui était quand même directif et qui attendait qu’il se passe des choses. […] Cet homme en impose de par sa stature, je n’avais pas envie de le contrarier.»

    Hugues Malago, en recherche d’adrénaline (7) 

    Age : 39 ans. Profession : Carreleur.

    Son ex-compagne a témoigné de son réveil en sursaut une nuit de 2019, alors qu’il tentait de la pénétrer et raconte vivre dans le doute d’avoir été soumise chimiquement. La trentenaire a souffert de «vertiges» entre 2019 et 2020. Faute de preuves matérielles, sa plainte a été classée sans suite.

    La seconde partie de ce travail débute avec une série de copies d’écrans, avec des commentaires signés par des femmes en général, qui pensent que quelque chose cloche, que c’est pour l’argent, qu’on ne sait pas tout ». La question de la femme dans le processus patriarcal, sa complicité dans le maintien et la poursuite du système n’est abordée sur ce site que dans sa condition de femme de gauche. C’est assez injuste puisque la droite aurait tendance à limiter, dans sa matrice bourgeoise et catholique, les droits des femmes, notamment à disposer de leurs corps. Tandis que la gauche, les progressistes sont dans un mouvement décolonial, même avec ses ornières, ses lenteurs et ses écueils. Preuve en est les attaques subies par les sciences humaines dans le nouveau régime techno-fasciste de Trump, mais aussi en France de Macron.

    Andy Rodriguez (8)

    Age : 37 ans. Profession : Sans emploi.

    «Comme le mari m’avait donné la permission, pour moi elle était d’accord.

     Jean-Marc Leloup, Un peu victime d’une arnaque de cul (9)

    Age : 74 ans. Profession : Chauffeur routier à la retraite.

    Au psychiatre chargé de l’expertiser pendant sa détention provisoire, Jean-Marc Leloup dit ceci à propos des faits : «Vous savez docteur, on est nombreux à s’être fait avoir.» «Il a ensuite énuméré un panel de mis en cause, plutôt bien installés dans la vie, pour dire qu’il était à la fois coupable, mais aussi un peu victime», analyse le médecin au moment de livrer ses conclusions devant la cour criminelle du Vaucluse. Cet ancien chauffeur routier – «international», précise-t-il – «garde un excellent souvenir de son enfance» et se présente comme ayant «deux hobbys : les femmes et les voyages».

    Saifeddine Ghabi, a participé à l’horreur que vous avez vécue (10)

    Age : 37 ans Profession : chauffeur routier

    Lorsqu’il entre dans la chambre, il sent que «quelque chose ne va pas, c’est pas des gens normaux qui peuvent supporter cette chaleur». Et ajoute : «J’ai pas appelé la police mais j’ai bien entendu madame Pelicot ronfler. J’avais honte aussi, j’étais en train de tromper ma femme.»

    Marié depuis 2013 et père d’un garçon de 10 ans, il ne reconnaît qu’une tentative de viol aggravée. «La peine encourue pour une tentative de viol ou un viol, c’est pareil. Je suis là pour dire la vérité, madame Pelicot est là pour entendre la vérité.»

    «Pardon Madame Pelicot j’ai participé à l’horreur que vous avez vécue. Je ne souhaite à aucune femme sur terre d’avoir vécu ce que vous avez vécu durant dix ans.»

    Simoné Mekenese, lâche (11)

    Age : 43 ans Profession : chasseur alpin durant douze ans puis chauffeur dans une entreprise de travaux publics

    «J’étais dans l’optique d’un scénario, que peut-être après elle allait se réveiller. J’ai fait confiance à monsieur Pelicot.»

    Philippe Leleu, face à ce «scénario bizarre», «je n’ai pas eu d’érection» (12)

    Age : 62 ans. Profession : jardinier

    Sa naissance est la conséquence de violences. Sa mère a été violée lorsqu’elle avait 15 ans par un rugbyman professionnel, décédé jeune. 

    Paul Grovogui, « pas un monstre » (13)

    Age : 31 ans

    On n’est pas des monstres, on est des hommes comme vous tous. On avait tous une vie, une vie de famille, on fonctionnait normalement.

    Etant jeune [22 ans au moment des faits, ndlr], ce qui n’est pas une excuse, je n’ai pas réfléchi aux conséquences. C’était pour m’amuser.

    Montrant une reconnaissance bien fragile des faits, il déplore que leurs «noms aient été salis dans les médias en disant qu’ils sont des violeurs».

    Ludovick Blemeur n’a pensé qu’à mon propre plaisir (14)

    Age : 39 ans. Profession : magasinier

    «Il m’a expliqué qu’elle dormait, qu’elle avait passé une soirée arrosée, je me suis dit que c’était peut-être leur fantasme. Je pensais qu’elle allait se réveiller.»

    Victime de viols à 12 ans alors qu’il est chez les Jeunes sapeurs-pompiers à Trappes – son agresseur, Fabrice Motch, a été condamné dans les années 2010 pour viols et assassinat –, il dit avoir perdu ses moyens. 

    J’ai eu l’impression de me retrouver vingt ans en arrière, quand j’étais petit, avec le physique qu’il [Dominique Pelicot, ndlr]avait. J’avais peur de la réaction qu’il pouvait avoir.»

    Quentin Hennebert (15)

    Age : 34 ans. Profession : Ambulancier, ancien agent pénitentiaire.

    Souffre d’un «trouble de la personnalité psychopathique». «Il a tendance à très peu considérer autrui dans son individualité, dans ses désirs», a expliqué Marie-Pierre Guis, en livrant une analyse très différente de celle du psychiatre entendu le lendemain. «Il n’y a pas de symptômes psychotiques chez lui, pas de trouble de la personnalité de type psychopathique, antisociale, paranoïaque. Seulement des traits d’immaturité affective et d’instabilité, mais sans dimension de pathologie franche», considère, lui, le docteur Serge Suissa, qui est intervenu en visioconférence. Qui se rapproche le plus de la vérité ?

    «Il me dit qu’elle joue le rôle d’une femme endormie, que c’est son fantasme à elle. Il cherche quelqu’un pour participer. Il ne me dit pas si [elle dort] naturellement ou par des cachets. Juste qu’elle est endormie.» 

    Nizar Hamida (16) pour (s)e libérer de la pression, du stress

    Age : 41 ans. Profession : sans emploi

    «Je suis pas un violeur, j’ai jamais violé dans ma vie. Pourquoi j’irais violer et en plus une femme de 66 ans ?» 

    Déjà condamné à huit reprises, notamment pour soustraction d’enfant (son fils de 11 ans) et violences conjugales, il pense «avoir été drogué». «Elle n’a pas pris mes cheveux, madame le juge [pour une analyse, ndlr], je ne les ai pas coupés depuis que je suis rentré» en prison. Ce coiffeur de formation évoque ses yeux rouges, son accident de voiture dans la foulée de son départ du domicile des Pelicot et ce rapport bucco-génital imposé à la partie civile, «alors qu’[il] ne l’[a] jamais fait de [s]a vie. […] Vous voyez pas qu’il y a un problème ?»

    Redouane El Fahiri, « victime de ruse caractérisée» (17)

    Age : 55 ans. Profession : infirmier

    «Durant les longues minutes où l’on vous voit toucher madame Pelicot, on doit guetter un signe qui laisserait penser que vous étiez terrorisé», interroge la cour après la diffusion des vidéos. «Comment vous déduisez que je ne cherche pas à la réveiller ?» ose l’intéressé, qui a développé une défense singulière : «Je suis victime de ruse caractérisée», d’un complot du couple. Sa colère s’adresse aux enquêteurs qui n’ont pas pris au sérieux les «informations troublantes» qu’il aurait rassemblées sur les deux retraités. Gisèle compris : «Son portable est une pièce à conviction centrale et on n’a jamais cherché. Je demande qu’on soit traités à égalité : il n’y a pas une parole sacrée face à une parole négligeable.»

    Boris Moulin, « lobotomisé » (18)

    Age : 37 ans Profession : agent d’exploitation dans une société de transport

    constate que Gisèle Pelicot «baragouine comme quelqu’un de saoul». Son état ne l’arrête pas. Sur l’une des vidéos, Dominique Pelicot le prévient : «Ça va la réveiller, ça va la réveiller.» Boris Moulin «ne percute pas». Refusant la qualification de viol, il note : «Elle a été victime d’un viol à cause de son mari, moi j’ai été utilisé par son mari comme un jouet.» Boris Moulin sous-entend qu’il aurait pu être drogué, ce que Dominique Pelicot conteste.«Vous rentrez dans cette maison, vous êtes lobotomisé», assure le coaccusé.

    Des échanges ont perduré avec Dominique Pelicot jusqu’en mai 2020. «Il m’a rappelé pour qu’on se revoie, je lui ai dit que le scénario, c’était pas mon délire.»

    Cyril Baubis (19)

    «Il s’est servi de moi pour assouvir ses fantasmes»

    Age : 47 ans

    Sa compagne, rencontrée après les faits, le soutient. «Je ne le considère pas comme un violeur, pour moi, il ne s’est pas posé les bonnes questions au bon moment.»

    Thierry Postat, « pas un violeur dans l’âme » (20)

    Age : 61 ans

    Profession : artisan frigoriste

    Peine requise : 14 ans de prison et interdiction de 10 ans d’avoir une activité en lien avec les mineurs, pour viols aggravés et détention d’images pédopornographiques.

    Ce père de trois grands enfants se présente comme un homme sans histoires, une personne «bienveillante» passionnée de moto et de basket.

    Ce n’est qu’après plusieurs pénétrations, lorsqu’il constate que Gisèle Pelicot est dans un «assoupissement notable», qu’il se dit que ce couple «va un peu loin» : «Mais je suis là pour leur faire plaisir. Ils regarderont la vidéo demain, donc je continue», poursuit-il. Non, il n’a pas eu la «lucidité» de lui demander son consentement : «Je m’excuse d’avoir été crédule. J’ai fait confiance à monsieur Pelicot.»

    Omar Douiri, n’a « pas percuté»  (21)

    Age : 36 ans. Profession : agent d’entretien

    Je ne suis pas le genre de personne qui cherche les problèmes» 

    Age : 52 ans. Profession : couvreur

    «Et après, je ne me rappelle plus, soutient-il. Je me suis retrouvé dans la voiture, je ne sais plus comment j’y suis arrivé.» Sa théorie : Dominique Pelicot l’aurait drogué, via son Coca de bienvenue.

    Il est le premier pour qui le parquet demande la diffusion des vidéos. Les consignes et réflexions salaces de Dominique Pelicot, sa sortie brusque de la chambre lorsque la victime bouge, son pouce levé à la caméra… «Non, je ne me souviens pas… Ce serait bien pour la victime, pour la vérité. Et pour me défendreLà, je passe pour un menteur ou un idiot», bafouille-t-il devant la cour, sous le regard atterré de Gisèle Pelicot.

    Mahdi Daoudi, ne va « pas laisser (s)on ADN partout comme ça» (22)

    Age : 36 ans. Profession : Employé d’une société de transport.

    Il ne se «rend compte qu’il y a un problème» qu’en lui imposant une fellation. Comme un certain nombre d’accusés, Mahdi Daoudi précise qu’il «n’a pas pris de plaisir», comme si cela l’allégeait d’une part de responsabilité. Et se sert de son absence de préservatif comme d’un alibi : «Si je m’apprête à commettre un crime, je ne vais pas laisser mon ADN partout comme ça.» Se victimisant – «ça m’a détruit le fait d’avoir pris part à ça» – cet homme divorcé, père d’un enfant, maintient : «A aucun moment, j’avais conscience de commettre un viol.» Usant de mythes dépassés sur le viol, son avocat, Guillaume de Palma, osera même lui demander : «Vous êtes censé être un violeur qui caresse ?»

    Ahmed Tbarik, manipulé (23)

    «Si je devais violer quelqu’un, ça n’aurait pas été une dame de 57 ans»

    Age : 54 ans. Profession : plombier

    Refusant la qualification de viol («Je sais ce qu’est un viol, j’aurais attendu 50 ans ?»), il insiste : «J’ai été manipulé.

     Tentant de placer le viol sur le plan du désir et non de la domination, il lâche, à la consternation générale : «Je ne suis pas violeur mais, si je devais violer quelqu’un, ça n’aurait pas été une dame de 57 ans, mais une belle… Excusez-moi.»

    L’agresseur sexuel tente de placer le viol sur le plan du désir : l’âge de la victime empêchant le désir, il ne peut y avoir viol. Si elle est moche, en d’autres termes, elle ne peut pas subit un viol. Cet argument a été usé ad nauseum pendant « L’affaire DSK », ce troussage de bonne…

    à suivre

    PARTIE II – LES COMPLICES

    pornographie

    infanticide

    cide

  • Anthropo-archéologie en Amérique centrale

    investigation Sud I

    Depuis quelques années, la discipline anthropologique a rejoint l’archéologie. Les bénéfices d’une lecture anthropologique (« catalogue » des sociétés, savoir situé, basculement et immersion,…) des traces (artefacts, squelettes, adn,…) de l’archéologue vient augmenter la réalité imaginable de nos ancêtres humains et non humains.

    L’anthropo-archéologie se propose, par l’étude des restes humains, des artefacts, des objets provenant des sites archéologiques, de replacer dans leur contexte social les événements historiques rapportés par la tradition écrite (et aussi orale).

    Traces : vestiges de temps héroïques ?

    Quelque part en Mésoamérique, un homme pense que son terrain est le lieu de naissance de la culture aztèque, la légendaire cité d’Aztan. Fantasme ou réalité ? Je suis invitée à étudier le site et donner mon avis sur la question…

    Je suis cet être humain vivant de la Mésoamérique sur cette colline, le soleil descend lentement rejoindre le sommet du Momotombo, le volcan, et je peux même deviner grâce à ses reflets le lac Nika. Ici, j’ai disposé des pierres, en cercle, en spirale, en forme de « P ». Pourquoi? Quel en est le sens? Ai-je déjà vu ça ailleurs? Est-ce typique des gens de la Mésoamérique? Et … « A quoi ça sert? » Mais aussi « qu’est-ce que j’éprouve ici? » Corps, espace, toucher, vue, vent, souffle, chant des feuilles, silence ou bruissement.

    La suite sur Histoire d’os.