La pharmacie de Platon de Jacques Derrida :
Contexte :💊 et ☠️ : le déchet
« La pharmacie de Platon » est un essai de Derrida publié en 1968 dans Tel Quel, puis intégré dans La dissémination (1972). C’est un texte fondamental de la déconstruction, où Derrida relit le dialogue Phèdre de Platon pour montrer comment la philosophie occidentale a construit une opposition hiérarchisée entre l’oral et l’écrit. Ce qui m’intéresse ici, c’est le pharmakon déchet ou le déchet vu comme un pharmakon, à la fois poison et remède. Si le poison est évident pour définir le déchet anthropocène, les pratiques sur le terrain le rendent visiblement aussi remède contre l’impuissance.
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Résumé principal :
- Le mot « pharmakon » :
Derrida s’attarde sur le mot grec « pharmakon », qui signifie à la fois remède et poison. Cette ambiguïté lexicale est essentielle : Platon utilise ce terme pour parler de l’écriture, mais hésite entre valorisation et condamnation. - Écriture vs. Parole :
Dans le Phèdre, Platon raconte que l’écriture est une invention divine (attribuée au dieu égyptien Theuth), mais que le roi Thamous la rejette comme un poison : elle affaiblirait la mémoire en la remplaçant par des signes extérieurs. La parole vivante, au contraire, est valorisée comme plus authentique et proche de la vérité. - La déconstruction de Derrida :
Derrida montre que Platon tente de disqualifier l’écriture, mais que cette disqualification est instable. L’écriture, comme le pharmakon, est inséparable à la fois du poison et du remède : elle est nécessaire pour conserver la mémoire tout en étant vue comme un danger pour la pensée vivante. - Critique des oppositions binaires :
Derrida critique la tendance de la philosophie à organiser la pensée en oppositions rigides : vrai/faux, bien/mal, parole/écriture. Il montre que ces oppositions sont fondées sur des exclusions problématiques et que l’écriture — loin d’être un simple dérivé de la parole — est constitutive de toute signification. - Implication pour la philosophie :
Ce travail annonce la « déconstruction » : il ne s’agit pas simplement de détruire les textes philosophiques, mais de lire leurs marges, leurs contradictions internes, ce qui est laissé de côté par leur propre logique.
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- L’écriture n’est pas une simple copie inférieure de la parole.
- Le sens n’est jamais fixé définitivement ; il est toujours en « dissémination ».
- Toute structure de pensée repose sur des ambiguïtés qu’elle tente de masquer.
📚 fifiche rapide, fichtre – La pharmacie de Platon (Jacques Derrida)
1. Concept central :
Pharmakon (mot grec) =
→ Remède et Poison
L’écriture est vue par Platon comme à la fois nécessaire et dangereuse.
2. Platon dans Phèdre :
- Origine divine de l’écriture (inventée par Theuth).
- Critique par Thamous :
→ L’écriture affaiblit la mémoire, remplace la connaissance vivante.
Parole = vie, authenticité versus Écriture = mort, copie, trahison
3. Travail de Derrida :
- Déconstruction de l’opposition parole/écriture.
- Révélation de l’ambiguïté interne :
→ L’écriture est à la fois un danger et une nécessité. - Critique des hiérarchies binaires (oral/écrit, présence/absence, bien/mal).
4.Idées clés :
- Le pharmakon est indécidable : ni seulement bon ni seulement mauvais.
- Le sens n’est jamais stable : il est en dissémination.
- La philosophie est traversée par des tensions qu’elle cache.
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Derrida montre que l’écriture est à la fois poison et remède, déconstruisant la supériorité supposée de la parole sur l’écrit dans la tradition philosophique occidentale.
Dans La pharmacie de Platon, Derrida montre que l’écriture, désignée par le mot grec pharmakon, est à la fois un remède et un poison. Platon en fait un objet d’exclusion, responsable de la corruption de la mémoire et de la vérité vivante de la parole. Derrida souligne que cette opération repose sur une logique du bouc émissaire : l’écriture est indispensable au savoir mais devient l’accusée idéale pour protéger l’ordre philosophique. Ce lien est explicite lorsqu’il écrit : « Le pharmakos est d’abord un vivant condamné à mort, un mal vivant, qui doit être exclu pour que l’ordre soit restauré. » (La pharmacie de Platon). Ainsi, en déconstruisant cette exclusion, Derrida révèle la structure sacrificielle cachée au cœur de la tradition philosophique occidentale.
Très bonne question !
👉 Oui, Jacques Derrida aborde en filigrane dans La pharmacie de Platon une réflexion proche de celle du bouc émissaire, même s’il n’utilise pas toujours ce terme directement.
Je t’explique simplement :
1. L’écriture comme « coupable idéal »
Dans La pharmacie de Platon, Derrida montre que l’écriture est rendue responsable de tous les maux :
- affaiblissement de la mémoire,
- perte du savoir vivant,
- éloignement de la vérité.
→ Chez Platon, l’écriture devient donc ce qu’il faut accuser pour protéger l’idéal philosophique de la parole vivante.
→ Elle est traitée comme un bouc émissaire : elle absorbe toute la faute, tout le danger, pour préserver l’ordre que la philosophie veut maintenir.
2. Comment ça rejoint la logique du bouc émissaire
Le bouc émissaire, dans son sens classique (pense à René Girard par exemple), est celui sur qui une communauté projette ses tensions pour restaurer une forme d’ordre ou de pureté.
Chez Derrida :
- L’écriture est vue comme cette « chose » coupable.
- On l’exclut pour stabiliser une vision pure de la vérité (la parole vivante, la mémoire intérieure).
- Cette exclusion masque une vérité plus complexe : la parole aussi dépend de l’écriture, de la trace.
Citations :📖
L’écriture est construite par Platon comme un bouc émissaire philosophique : une figure coupable qui sert à protéger l’illusion d’une pureté de la parole et de la pensée. Derrida montre doncque dans le traitement platonicien, l’écriture joue un rôle très analogue à celui d’un bouc émissaire sacrificiel.
Mécanisme du bouc émissaire :
Le pharmakon est donc cet être d’exception, cet exclus, cet accusé, ce marginal, qui, indispensable à la vie de la cité, en est aussi le danger.
(Jacques Derrida, « La pharmacie de Platon », dans La dissémination, 1972)
👉 Ici, Derrida décrit le pharmakon — et donc l’écriture — comme un être à la fois nécessaire et rejeté.
C’est exactement la logique du bouc émissaire : on a besoin de lui, mais on l’accuse pour restaurer un ordre idéalisé.
pharmakon dans son lien à l’exclusion/sacrifice (car il y a aussi des échos religieux que Derrida analyse): 📜✨
Le pharmakos est d’abord un vivant condamné à mort, un mal vivant, qui doit être exclu pour que l’ordre soit restauré. Il est à la fois ce qui doit être nourri, protégé, et ce qui doit être sacrifié (Derrida, « La pharmacie de Platon », dans La dissémination, 1972)
🔎 Ici, Derrida parle très directement du pharmakos, c’est-à-dire le bouc émissaire dans les rituels grecs anciens.
Il fait clairement le lien :
- Le pharmakon (écriture, dans Platon) → ambigu, à la fois utile et dangereux.
- Le pharmakos (bouc émissaire) → indispensable et pourtant sacrifié pour protéger l’ordre.
👉 Donc dans La pharmacie de Platon, écriture = pharmakon = pharmakos, dans un enchaînement symbolique : l’écriture est traitée comme un bouc émissaire.
📚✍️ := le déchet pharmakos sur l’île de Colon