Günters Anders

Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ?

Ce titre de Günters Anders m’accompagne, me soulage depuis mon adolescente. « Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ? En effet, éduquée par la révolution comme une floraison des coeurs grâce au livre et au sandinisme, instruite à la paix grâce à une enfance dans une famille toxique grâce aux livres aussi (l’amour maternel n’existe pas, et toute l’oeuvre de Alice Miller, et le concept de résilience de Boris Cyrulnick, face au monde qui ne cesse de répéter « plus jamais ça », tandis qu’elle ne cesse d’activer des génocides, comme au Rwanda en 1994, -le rôle de la France et les choix du socialiste François Mitterand sont attestés par les archives et les procès. Comme en Palestine où s’opère une espèce de génocide lent toléré par la Terre… Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ? A cette question, l’action m’a toujours paru la plus viable pour la psyché et l’éthique, d’où ma recherche d’un système viable, économique, politique et dignement viable pour la Terre. Et cette phrase apocryphe, souvent attribuée à Gilles Deleuze ; être à la hauteur de ce qui nous arrive.

1979

A cette époque à Bruxelles, les manifestation pour la paix, contre le nucléaire, rassemblait 300.000 personnes. Seule la « Marche Blanche » réunira autant de belges. « Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ?  » illustre les angoisses et les espoirs de ces militantes années ’80, de ses derniers feux avant un lent et continu déclin … qui mènera au techno-fascisme. « Je suis née en 1979 », dit la « Chavalita » sur une affiche de soutien au FSLN (Front Sandiniste de Libération Nationale). S’il fallait dater ma sortie de l’enfance, ce serait 1979. Je la choisis aussi pour dater le début du crépuscule du gauchisme, bien que à cette époque, l’espoir est immense. Mais le ver était dans le fruit, ce que décrit avec intelligence et conviction Günters Anders.

1979. Livre et révolution

Le recueil de textes et d’entretiens du philosophe Günther Anders, est publié en 1979. Ce livre est une réflexion sur la condition humaine à l’ère technologique, en particulier face aux menaces de destruction nucléaire et aux dérives de la modernité.

Mon expérience de la révolution sandiniste, vécue par procuration (depuis le Quebec) et depuis le petit bout de la lorgnette d’un camp de réfugiés** au Costa-Rica en 1979 est fondamentale. C’est sans doute « la fin de l’enfance ».

=> Découverte de la violence traumatique : A., un enfant de 9, 10 ans, ayant vu son père se faire assassiner, quatre mois auparavant « pète des plombs ».

=> Découverte de la violence maligne : les récits des survivants sont effarants, la violence de la Guardia, la garde nationale du dictateur Somoza, terrifiante. « Pourquoi tant de haine ? »

=> Découverte de l’idéologie : le Sandinisme. Par ses rencontres, ses slogans, ses affiches, ses récits, ses expérience, sa beauté, ses espoirs humanistes pacifistes, …

=> Découverte de la grandeur révolutionnaire : l’atmosphère est au changement radical. La fin de la dictature permet tous les imaginaires possibles ! La majorité se réaliseront (un temps …).

=> Porosité ou absence de frontière entre le monde des adultes et le monde des enfants. Les enfants sont inclus dans le monde des adultes par les récits de guerre et les activités du centre : tris des dons (aliments, médicaments, vêtements,…). Les enfants sont totalement exclus du monde des adultes : la prise en charge de A., par exemple.

A. est le fils cadet d’un membre éminent du front sandiniste. La Gardia va assassiner son père chirurgien (et toutes les personnes présentes dans l’hôpital) et brûler les corps sous les yeux de A. Cette disparition cruelle provoque, évidemment, le traumatisme de toute la famille. La maman de A. décide de fuir vers les Costa-Rica avec A. Dans le centre, c’est toujours l’effervescence : les adultes sont débordés, dans leurs propres deuils, les enfants ont leur propre vie, comme abandonnés à eux-mêmes. A. ne sera pas pris en charge, malgré les signaux évidents, comme le fait de trucider des chats avec des tessons de bouteilles… Intéressante naissance de la psychopathie.

=> A. n’est pas méchant, il est même parfois très drôle, c’est un pote, mais il vrille, et s’enferme dans un monde très violent. Du coup, évidemment, je le lâche. Pas envie de voir les entrailles d’un chat. Envie d’aider A. Sentiment diffus d’un malaise … cette absence de parents « responsables », eux-même dans le trauma.

=> Début de mon activisme et des lectures thématiques (psychologie et politique) autour de ces problématiques.

** Je le nomme « réfugiés », mais en réalité, il s’agissait plutôt d’un Q.G., d’une base de soutien sandiniste, puisque s’y trouvaient des responsables sandinistes sous-commandants, guérilleros en convalescence,…, des volontaires internationaux, quelques survivants et leurs enfants.

1979. « Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ? « 

Les racines du mal : enquête sur l’absence d’amour, la violence humaine maligne. Liens avec Louise Michel, Frantz Fanon, Erich Fromm, Hannah Arendt, Alice Miller, Arthur Koestler, P.B. Preciado, …

Enquête épistémologique en cours

Mercedes DeKeyser en dispute avec René Girard => indicateur de mon positionnement épistémologique en faveur des thèses frommiennes (Fromm, Miller, Michel, Kropotkine, …)

versus René Girard : cf. la guerre des épistémologies à travers le concept de neurone-miroir. La violence grâce aux neurones-miroir (Girard) versus l’amour grâce aux neurones-miroir (Dekeyser).

« Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ? » de Günther Anders

1. La « honte prométhéenne »

  • Anders développe son concept de « honte prométhéenne », qui désigne le malaise ressenti par l’homme face aux machines qu’il a créées, et qui le dépassent en puissance et en efficacité.
  • L’homme devient un être dépassé par sa propre production et perd le contrôle des conséquences de sa technologie.

2. La banalité de la destruction

  • Anders prolonge la réflexion d’Hannah Arendt sur la banalité du mal, en l’appliquant au contexte nucléaire et industriel.
  • Il critique l’irresponsabilité des techniciens et des scientifiques qui participent à la production d’armes de destruction massive sans se soucier de leurs implications morales.

3. L’apocalypse comme réalité potentielle

  • L’une des thèses centrales du livre est que l’humanité est entrée dans une époque où la destruction totale est possible et même probable.
  • Contrairement aux catastrophes du passé, la menace nucléaire ou écologique n’est plus un simple scénario hypothétique, mais une conséquence logique de notre développement technologique.

4. L’urgence de la révolte

  • Anders appelle à un réveil moral et politique face aux dangers de la modernité.
  • Il insiste sur la nécessité de ne pas sombrer dans l’inaction, même face à l’ampleur des problèmes. Son titre provocateur incite à refuser la résignation et à agir malgré le désespoir.

Pour aller plus loin …

Koestler

Spinoza

La morale … L’éthique …

Critique et impact

  • Ce texte prolonge les réflexions existentielles d’Anders sur la technique et la modernité, développées dans L’Obsolescence de l’homme.
  • Il a marqué les mouvements antinucléaires et écologistes, en mettant en avant la responsabilité individuelle face aux crises du monde contemporain.
  • Sa vision, parfois pessimiste, est un appel à ne pas céder à l’impuissance, même face à des menaces globales.
  • Son pessimisme était de la lucidité. Cet ouvrage percutant pousse à la réflexion sur notre rôle dans un monde en péril, mais cet ouvrage, et le mouvement pacifiste avec, sera « emporté » emporté par le tsunami néo-libéral qui vient. 🌍💥
  • En lien avec :

Le pacifisme

L’anarchisme, mouvement suis generis « évolutionniste » => un monde meilleur est possible, l’homme est bon et la société peut le dépraver, l’amour est une clef du changement. Cette « croyance » en un être humain perfectible aussi capable du meilleur, pas forcément un loup pour son congénère, entraîne forcément la lutte pour la justice et la dignité. D’où la présence des anarchistes dans toutes les luttes de libération, et son implication précoce dans l’éducation (Louise Michel, Fransisco Ferrer, …), l’instruction,

  • Marcel Mauss et le journal « L’Humanité »
  • David Graeber et le mouvement d’occupation « Wall Street »
  • Louise Michel et la Commune, la révolte des Kanaks, …

Hannah Arendt

Erich Fromm

Althusser

Discours de Thomas Sankara à l’ONU le 4 octobre 1984

Sans complexe aucun.

« En cette fin du XXe siècle. Un monde où l’humanité est transformée en cirque? Un monde où des actions commandent ldes groupes de hors la loi qui organise les rapines … le fusil à la main … Le tiers monde, que les autres ont inventé … pour mieux imposer … escroquerie de l’historie … arrière monde d’un Occident repu …. ensemble tronçon