Anthropologie du Monstre

Mehdi Nemmouche

Mehdi Nemmouche, né le 17 avril 1985 à  Roubaix, est un criminel et terroriste djihadiste français, auteur de l’attentat du musée juif de Belgique du 24 mai 2014. Il sera également accusé d’avoir été un des geôliers de l’Etat islamique par les otages rescapés de ses prisons syriennes…

Je décide de couvrir son procès qui se déroulera au printemps 2019. Je prépare le terrain avec des documentaires disponibles sur le net, et commence à dessiner sa petite enfance. Le 7 mars 2019, la cour d’assises belge le déclare coupable des quatre assassinats à caractère « terroriste » commis le 24 mai 2014 au musée juif de Bruxelles. Après plus de 8 heures de délibéré, il est condamné le 12 mars 2019 à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une mise à disposition de la justice pour 15 ans.

Cliquez sur la petite flèche à droite pour lire la bande dessinée latéralement ou en taille originale ci-dessous. Bonne lecture !

Je m’investis dans le projet de bande dessinée pour trois raisons principales

  • Bruxelles dystopique : la méchanceté de l’acte, la proximité et l’affectabilité : c’est dans mon gentil quartier des Marolles que ça s’est passé, et le procès se déroulera dans mon Palais de Justice. J’ai croisé des avocats du procès dans ma cantine. Cela confère une intimité étrange à cette affaire.
  • Glocalité : En d’autres termes, l’acte et le procès de l’acte se déroulent sur un espace d’un kilomètre carré ; l’imposant Palais de Justice de Bruxelles ayant été construit en amont des populaires Marolles. L’espace est donc global, -par son inscription dans une « filiation » idéologique mondiale historicisée (2001-2025)-, et micro-local ; et le temps, Historique.
  • Le dysfonctionnement systémique, structurel des aides à l’enfance en Occident. Le bébé Medhi (nemmouche) à sa naissance a changé 7 fois de famille d’accueil en 3 mois … Son parcours est hélas typique de l’aide à l’enfance, un système capitaliste colonial, patriarcal, c’est-dire basé sur le tri, la hiérarchie, la violence, le rejet, l’absence de stabilité volontaire physique et mentale, l’enfermement, la punition,… Les mêmes caractéristiques que dans les orphelinats autochtones, en moins pire. il s’agit de repenser la matrice.
  • La psychopathie. L’enfance de Mehdi : sa trajectoire est typique du mécanisme de répétition qui explique qu’un enfant violenté peut davantage devenir violent adulte. La compréhension du mécanisme de répétition est encore assez floue : pourquoi certains enfants parviennent à ne pas répéter le schéma de violence, et pourquoi chez d’autres la « résilience »devient une « psychopathie » ? La BD permet de décrire, mais aussi de transcrire les paroles de l’enfant-victime devenu homme-bourreau, pour essayer de comprendre pourquoi un enfant sensible et intelligent devient un monstre, si tant est que les monstres humains existent.
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à suivre

En avril/mars 2025, il est jugé en France pour la détention d’otages en Syrie entre 2013 et 2014, dont des journalistes français et travailleurs humanitaires.