Mohamed Amer Meziane

Au bord de mondes. Vers une anthropologie métaphysique

anthropologie. philosophie. décentrement

Mohamed Amer Meziane n’est pas anthropologue « pro ». Il se propose dans cet extrait, à travers la lecture critique de concepts anthropologiques récents (Descola, Latour, de Castro, …), une anthropologie métaphysique.

Extraits

élargir le spectre des « non-humains »

La pensée contemporaine baigne en plein exotisme (p.9).

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(…) il nous faut désormais vivre en « animiste ». Pourtant, les animaux, les indigènes sont rarement conviés (p.9).

C’est en leur absence que s’énonce le discours qui les magnifie, car c’est de leur silence que ce discours vit, et de sa perpétuation, très souvent, qu’il prospère. Ce discours est parfois stimulant, souvent nécessaire et il traduit l’inévitable conscience d’une urgence climatique qui incite à un décentrement légitime vis-à-vis de l’Europe industrielle (p.9).

(…)

Si l’on ne cesse de vouloir retrouver l’harmonie avec une Terre-Mère dont nous aurions perdu le sens à force de l’avoir dépeuplée des êtres invisibles par un moderne désenchantement, c’est bien d’une fascination pour le lointain que la pensée écologique dominante procède. le discours « indigène » dont elle s’autorise (? ndlr) est une reconstruction ethnographique que le public lit comme autant de récits de voyage, avec une passion dévorante (p.10).

(…)

A travers elle (l’anthropologie, ndlr), les sociétés occidentales ont produit un savoir sur les autres mondes que nous nous sommes habitués à nommer « cultures » (p.10). (…)

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L’anthropologie de nos rapports aux non-humains, parfois décrite comme une « rupture ontologique », prétend marquer une rupture avec cet héritage colonial (p.10).

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=> passage intéressant sur le « point de départ » (est) que notre croyance en la nature saisie comme un domaine séparé de l’homme serait une invention récente, chrétienne cet européenne. (…)

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Suffit-il de changer l’objet, de passer de l’humain au non-humain, pour libérer l’anthropologie des matrice coloniale. (…)

Les références aux concepts anthropologiques contemporains sont implicites mais fréquentes :

Ce qu’elle nomme animisme (cf. Descola, ndlr) est encore pensable dans le cadre de ce qu’elle définit comme le monde ou la nature. Ce ne sont les les non-humains qui la troublent, mais seulement celles et ceux qu’elle ne voit pas. une perspective réellement plurielle suppose de penser dans la zone de ce trouble (cf. Harraway, ndlr), de penser le réel par-delà le visible. si l’on veut réellement provincialisme l’Europe, il, faut assumer la part métaphysique des mondes humains. « Décoloniser le savoir » (cf. Boumedienne, ndlr) exige de penser au bord des mondes (p.11).

A propos du désenchantement du monde

(…) comment, en faisant se réaliser le ciel sur la terre, les pouvoirs modernes se sont portés sous la terre, bouleversant ainsi notre planète et les écosystèmes. Part cruciale du « désenchantement du monde » caractéristique du XIXe siècle, la négation des réalisations métaphysiques par le développement des techno sciences va de pair avec cette volonté de réaliser le salut sur terre à travers l’accumulation des richesses (Meziane, 2023, 35).