Le mot monstrum sert à désigner un fait prodigieux considéré toujours, dans la mentalité religieuse, comme un avertissement des dieux pour faire comprendre quelque chose. Par exemple une naissance « monstrueuse » est le signe d’une malédiction des dieux.





Dans l’esprit du Moyen Age, ce sens est celui qui prévaudra et qui va influencer notre compréhension des événements historiques.
Tout ce qui n’est pas conforme à la nature, tout ce qui est anormal peut être considéré comme une punition ou un avertissement divin.

Le sens d’avertissement disparut au fur et à mesure de l’amoindrissement de l’influence religieuse dans l’évolution de la société. Tout ce qui n’est pas conforme à la nature n’apparaît plus alors comme une punition ou un avertissement, mais comme une curiosité accompagnée souvent de rejet, car l’on a toujours peur de ce qui nous est étrange ou étranger, (même origine !).
(Anatomie) Individu difforme. (Péjoratif) Personne d’aspect effrayant. (Mélioratif) Personne charmante. (Sens figuré) Personne cruelle et dénaturée.
Femme à barbe qui s’assume : Clementine Delait, 19e siècle

Bûcher, prison, camisole, cale du négrier et pal, tranchant de l’épée, variole, cirque, eugénisme,… Le Monstre a tout vécu.
Accusés d’être dehors (des normes de la civilisation « civilisée »), dans les marges, pour mieux les exploiter et les violenter, ces nouveaux monstres -la femme, l’enfant, le Sauvage, le Fou, le déchet humain, et autres « minorités »…- du pouvoir capitaliste en pleine expansion (1492 comme date pivot) sont déshumanisés, chosifiés : le « Code noir » légalise le statut de l’esclavagisé au 17e siècle, comme le « DSM » enclose le statut de l’insensé partir de 1952, soit 550 ans plus tard… Le contrôle de la « nature » est un fil conducteur pertinent, des électrochocs à la chaise électrique, des chaînes de l’esclave à celle de la tronçonneuse, pour décrypter la violence humaine.
DSM : répertoire des maladies mentales
*Le DSM-5 fait l’objet de polémiques et de controverses : des pétitions, des appels au boycott, des livres dénonçant un ouvrage dangereux qui crée des maladies mentales et n’a pas de fondement scientifique, qui sert l’industrie pharmaceutique avec un risque de surdiagnostic et donc de surmédicalisation et de contrôle des individus « normalisation forcée ».
Alors on va montrer du doigt cette chose anormale, la montrer à la foule dans les foires, comme dans Éléphant man, ou ailleurs. Quand la monstruosité ne venait plus des dieux, elle ne pouvait plus provenir que des hommes : elle s’est transposée tout naturellement dans leur regard et dans leurs représentations morales et sociales.
(…) Humain des marges, à l’aspect monstrueux des cirques d’antan, et aussi des passants, dans les rues, -quand la « difformité » a une valeur, « scientifique », sonnante et trébuchante-, réduit à un corps, tel Sarah Bareman, la « Vénus Hottentote »-.
TEMPS « MODERNES »
monstrum, en latin est neutre, ce qui signifie déjà que le monstre est considéré non comme une personne, masculine ou féminine, mais comme une chose. (…)


« Punir ». Case de la série « Les passagers du Vent », de François Bourgeon, T.5

L’une des premières fois que le terme déchet humain est attesté, c’est dans le cadre de l’éducation d’une institution étatique d’aide à l’enfance française (XXesiècle). Une absence certaine d’empathie intergénérationnelle, qui est le reflet d’un système éducatif. La carence et la violence comme modes d’emploi éducatif institutionnels s’inscrivent dans la même histoire capitalistique et autoritaire enfermante que celle du marginal, de la femme, de l’enfant, du sauvage : à la marge du patriarcapitalisme, c’est-à-dire en dessous.
Cette structure est répétitive, scalable, donc systémique, multi-centenaire, donc structurelle. Cf. les affaires récentes sur les orphelinats indigènes au Canada, dans des institutions éducatives en France et en Belgique, … Le processus de décolonisation du schéma de l’éducation à la dure est lent tant, entre déni et complicités, entre honte et amnésie traumatisme, justice patriarcale et prescription, le chemin est long et exige détermination. La monstrueuse violence maligne envers les enfants n’est pas propre à la culture occidentale moderne, évidemment, mais elle est un fil conducteur pertinent pour comprendre les institutions « d’aide » occidentales dans les secteurs de la famille, de la médecine, de l’enfance, de la délinquance, …

Auteur de l’attentat au Musée Juif à Bruxelles, Mehdi Nemmouche est une sorte de monstre-humain -déshumanisé de facto par ses actes, monstrueux. Aux racines du mal ? Un coeur tendre fracassé par un système à l’enfance d’une violence barbare.
Dans le sillage d’Erich Fromm et Alice Miller.
Gaza, janvier 2025
La monstruosité est si fréquente sur nos écrans qu’on finit par ne plus la voir, ou la considérer comme « normale », ce qui constitue la véritable monstruosité ! La fabrication d’armes de plus en plus dévastatrices est en soi une monstruosité considérée elle aussi comme normale. Nous savons tous que n’importe qui peut, dans certaines circonstances, se comporter comme un monstre, ce qui ne nous empêche pas de vendre ou de donner des armes à qui le demande… ou paie… dans un souci uniquement mercantile.
Et alors se pose la vraie question : qui est le « monstre » dans cette galère ?
Source : « Investigations étymologiques », Joseph Caccamo, in https://shs.cairn.info/revue-cahiers-de-gestalt-therapie-2019-2-page-8?lang=fr
Monstruosités
Les prochaines années, tandis que le climat bascule :

Le Monstre humain a bien sûr à voir avec le Déchet humain … et le Sauvage
« À l’échelle mondiale, le pic pétrolier (le moment où la consommation de pétrole commencera à décroitre) ne devrait pas arriver avant les années 2030, « sans doute quelque part entre 2030 et 2040 ». C’est l’estimation donnée par Patrick Pouyanné, le patron de TotalEnergies, dans un entretien publié par Les Échos le 11 octobre. »
Dans un monde imprévisible, l’utopie est nécessaire (E.Glissant)
Auto-organisation en bande organisée















