Pierre Clastres

Société sans Etat. Anarchisme. Ethnocide. Guerre.

Pierre Clastres pour l’Encyclopédie Universalis écrit au sujet de l’ethnocide :  » Si le terme de génocide renvoie à l’idée de « race » et à la volonté d’extermination d’une minorité raciale, celui d’ethnocide fait signe non pas vers la destruction physique des hommes (auquel cas on demeurerait dans la situation génocidaire), mais vers la destruction de leur culture. L’ethnocide, c’est donc la destruction systématique des modes de vie et de pensée de gens différents de ceux qui mènent cette entreprise de destruction. En somme, le génocide assassine les peuples dans leur corps, l’ethnocide les tue dans leur esprit. Dans l’un et l’autre cas, il s’agit bien toujours de la mort, mais d’une mort différente : la sup­pression physique et immédiate, ce n’est pas l’oppression culturelle aux effets longtemps différés, selon la capacité de résistance de la minorité opprimée. Il n’est pas ici question de choisir entre deux maux le moindre : la réponse est trop évidente, mieux vaut moins de barbarie que plus de barbarie ».

(…)

Dans sa définition de l’ethnocide, l’anthropologue et l’ ethnologue Pierre Clastres dit au sujet de la conquête de l’Amérique que « L’horizon sur lequel prennent figure l’esprit et la pratique ethnocidaires se détermine selon deux axiomes. Le premier proclame la hiérarchie des cultures : il en est d’inférieures, il en est de supérieures. Quant au second, il affirme la supériorité absolue de la culture occidentale. Celle-ci ne peut donc entretenir avec les autres, et singulièrement les cultures primitives, qu’une relation de négation. Mais il s’agit d’une négation positive, en ce qu’elle veut supprimer l’inférieur en tant qu’inférieur pour le hisser au niveau du supérieur. »

Source : https://rebellyon.info/Christophe-Colomb-decouvre-l-Amerique-au-14549

Pierre Clastres est un anthropologue et ethnologue français connu pour ses travaux sur les sociétés indigènes d’Amérique du Sud et sa critique de l’État comme forme politique universelle.

Son œuvre majeure est « La Société contre l’État » (1974), dans laquelle il montre que certaines sociétés dites « primitives » ne sont pas des sociétés en attente d’un État, mais des sociétés qui s’organisent activement pour empêcher l’émergence d’un pouvoir coercitif centralisé. Il y critique l’idée évolutionniste selon laquelle toutes les sociétés tendraient naturellement vers la formation d’un État.

D’autres ouvrages importants de Clastres incluent :

  • « Chronique des Indiens Guayaki » (1972), un récit de son expérience parmi les Indiens Guayaki (Aché) du Paraguay.
  • « Recherches d’anthropologie politique » (posthume, 1980), qui rassemble plusieurs de ses articles approfondissant sa pensée sur le pouvoir et la politique.
  • « Archéologie de la violence » (posthume, 1980), où il analyse la guerre dans les sociétés sans État et montre comment elle peut jouer un rôle dans le maintien de leur structure égalitaire.

Clastres a marqué l’anthropologie politique en démontrant que les sociétés dites « primitives » ne sont pas simplement des sociétés sous-développées, mais des organisations politiques pleinement fonctionnelles et résistantes à la centralisation du pouvoir.