L’amour et les arts dans la révolution sandiniste : une anthropologie de l’engagement affectif
La révolution sandiniste, qui culmina avec la chute du régime somoziste en 1979, ne peut être réduite à un simple affrontement militaire ou politique. Elle fut aussi un terrain d’expression de liens affectifs intenses et d’une mobilisation esthétique profondément enracinée dans la culture populaire nicaraguayenne. Loin d’être secondaires, l’amour et les arts constituèrent des dimensions centrales de l’expérience révolutionnaire, façonnant une subjectivité collective où la lutte devenait une forme d’attachement — à l’autre, à la communauté, à l’avenir rêvé.
Les récits de combattants et militantes témoignent d’un usage récurrent du langage amoureux pour parler de la cause : on « aimait la révolution » comme on aime un être cher. Cette affectivité fut performée au quotidien dans les solidarités, les gestes de soin mutuel au sein des milices, mais aussi dans les poèmes récités dans les campements ou les lettres échangées entre fronts de combat. L’amour ne se vivait pas à la marge de la lutte : il en était un moteur symbolique.
Simultanément, les arts furent érigés en instruments de transformation sociale. Des figures comme Ernesto Cardenal, ministre de la Culture sandiniste et prêtre-poète, illustrent cette articulation entre esthétique, foi et révolution. L’anthropologie de la période met en lumière comment la poésie, la peinture murale ou le théâtre communautaire furent autant de moyens de produire du sens partagé, d’exprimer des utopies, mais aussi de ritualiser la mémoire et la perte.
Ainsi, à travers l’analyse des pratiques artistiques et des formes affectives, la révolution sandiniste révèle une conception élargie du politique : une politique du sensible, où s’entrelacent l’amour et l’art comme forces structurantes du monde révolutionnaire.
- « Con amor y con fuego: ¡revolución! »
(Avec amour et avec feu : révolution !)
🎨 Slogans plus poétiques ou artistiques, proches des arts militants :
- « Amar es combatir. »
(Aimer, c’est combattre.) - « Con poesía y fusil, defendemos la revolución. »
(Par la poésie et le fusil, nous défendons la révolution.) - « Nuestros besos también son parte de la lucha. »
(Nos baisers aussi font partie du combat.) - « Donde nace un verso, nace la libertad. »
(Là où naît un vers, naît la liberté.) - « La cultura es un arma cargada de futuro. »
(La culture est une arme chargée d’avenir.)