La Vénus hottentote, de son vrai nom Sarah Baartman, est une femme sud-africaine née vers 1778 dans le peuple Khoïkhoï et décédée en 1815 à Paris. Son histoire est marquée par l’exploitation, le racisme et la déshumanisation, reflétant les injustices coloniales et scientifiques du XIXe siècle, dans une intersectionnalité race-genre-classe.
=> Son exploitation en Europe
Sarah Baartman est amenée en Europe au début des années 1800, probablement sous la contrainte. En 1810, elle est exhibée à Londres et à Paris comme une curiosité ethnographique et exotique, sous le nom de « Vénus hottentote ». Son corps, notamment son stéatopygie (fessier très développé), attire l’attention des Européens, qui la considèrent comme une créature « primitivisée ».
Elle est exposée dans des foires, des salons privés et même étudiée par des scientifiques comme Georges Cuvier, qui cherche à prouver la prétendue infériorité des Africains à travers l’anthropologie raciale.
=> Sa mort et son exploitation posthume
Sarah Baartman meurt en 1815, à seulement 26 ans, dans des conditions misérables à Paris. Après sa mort, son corps est disséqué par Cuvier, et son cerveau, son squelette et ses organes génitaux sont conservés et exposés au Muséum national d’Histoire naturelle puis au Musée de l’Homme.
=> Sa réhabilitation et son retour en Afrique
Face aux protestations internationales, en particulier du gouvernement sud-africain et de Nelson Mandela, la France accepte en 2002 de restituer les restes de Sarah Baartman. Son corps est enfin rapatrié en Afrique du Sud et enterré dignement le 9 août 2002, lors d’une cérémonie nationale.
=> Un symbole de la lutte contre le racisme et le colonialisme
Aujourd’hui, Sarah Baartman est un symbole de la lutte contre la déshumanisation coloniale, le racisme scientifique et l’objectification du corps des femmes noires. Son histoire illustre la manière dont les préjugés et la pseudo-science ont été utilisés pour justifier l’exploitation et la discrimination des populations africaines.
Elle est commémorée en Afrique du Sud, où une université et plusieurs institutions portent désormais son nom. Un film a été réalisé, d’une sensibilité juste, sur l’histoire de la « Venus hottentote », que je vous conseille, -mais le déconseille aux personnes trop sensibles, parfois disponible sur YouTube. Le documentaire ci-dessus retrace sa vie. J’ai expressément évité les images de Sarah fabriquées en ces temps de missions civilisatrices.