Squat des mangroves

le squat des Mangroves est un quartier illégal construit sur un espace couvert de mangroves. Les maisons sont sur pilotis, on marche sur de petits ponts de béton, de bois, ou de bric et de broc. C’est un quartier dit mal famés, dangereux, et donc je l’ai visité une seule fois, et fait peu de photographies, pour éviter de rentrer dans l’intimité du lieu. Ce quartier se trouve derrière l’aéroport, à quelques minutes du centre ville. Il est possible de louer des logements, et il me semble que ce serait un lieu idéal pour loger à Colon, et mener une ethnographie sur les déchets en milieu marin.

  1. Relégation forcée
    Les mangroves sont des zones considérées comme marginales, insalubres, inconstructibles, vulnérables aux crues… Les populations pauvres ne « choisissent » pas ces lieux par préférence mais par défaut, expulsées des zones touristiques, des terres cadastrées ou des espaces à plus forte valeur foncière.
  2. Tactique d’habitation (à la de Certeau)
    Une fois installés, ces habitants développent des stratégies d’adaptation aux conditions écologiques du lieu : pontons, récupérations de déchets pour renforcer les berges, usage des palétuviers comme ressources, pratiques discrètes de nettoyage ou d’organisation collective.
    → Ce ne sont pas que des victimes : ils transforment ces zones en lieux vivables, parfois même esthétiquement ou symboliquement investis.
  3. Espaces ambivalents : stigmate et refuge
    La mangrove devient à la fois :
    • un stigmate (zone de pollution, « bidonville »),
    • un refuge (hors du contrôle formel),
    • un lieu d’expérimentation (autonomie relative, pratiques alternatives),
    • et parfois même un espace politique latent (forme d’occupation de territoire qui défie les normes d’aménagement).
  4. Analogie avec d’autres marges :
    • Les Rroms installés sur des friches ou à proximité de décharges : perçus comme « polluants », mais occupant les marges avec intelligence (auto-construction, recyclage, autonomie partielle).
    • Les punks, squatters ou communautés autogérées dans des zones industrielles désaffectées : marginalité choisie mais aussi subie, gestion de la saleté comme critique du capitalisme.
    • Certains peuples autochtones en Amazonie ou en Océanie s’installent sur des terres « déclassées », en réinterprétant les contraintes comme des ressources. Mais la Communauté Rrom est un peuple autochtone d’Europe, un des rares peuples nomades européens qui survit, malgré les répressions, les déportations, depuis plus d’un siècle …
  5. Occupation de type ZAD :
    • Hypothèse : Vivre sur les mangroves, c’est aussi éviter que cet endroit ne soit ,naturalisé par quelque décision politique de « conserver », c’est-à-dire d’interdire aux habitants de fréquenter des territoires de leur île, sous prétexte de protéger l’environnement. En quelque sorte, cette occupation est une occupation politique contre l’extractivisme, qui extrait des territoires , et prive les habitants de quelconque occupation ou usage. Ces espaces privatisés sont souvent gardés par des éco-gardes, dont la fonction est souvent ambigüe.
    • Une enquête est déterminante pour savoir le politique de la Communauté des Mangroves. Mais réinterpréter une contrainte comme une ressource, n’est-ce pas une tactique des collecteurs de déchets métalliques, dont notre figure locale de pirate ?

5. Solidarité de la Communauté locale & Dissensions autour des déchets

le media local est une source d’informations parfaite pour observer de loin les tensions liées aux Mangroves. Une déchetterie clandestine située (quelque part) parmi des mangroves. ces dépôts sont très fréquents, soulèvent des indignations locales, et sont régulièrement nettoyés par des associations plus ou moins formelles.

Le quartier des mangroves