Octobre/novembre2023
Non à la mine!
La route est bloquée, plus un seul bus. Une grande marche commence … sur la « Panaméricaine », cette autoroute qui traverse l’Amérique latine … qui nous amène à un barrage, et puis à un autre, et puis à un autre. Parfois nous attendons un taxi, cher, et c’est l’occasion de comprendre les raisons de ce blocage, et la solidarité nationale… Nous, c’est des centaines de personnes, panaméens, migrants, touristes perdus, femmes, enfants, tous crevards un peu, mais déterminés et solidaires.
Si la majorité des panaméens sont contre cette mine, ce sont les indigènes qui travaillent et/ou habitent dans la région qui lancent le mouvement de blocage national et coupent les routes du pays.

Les raisons du mouvement social sont exprimées simplement : les effets néfastes sur l’environnement et la corruption qui permet au contrat d’être renouvelé malgré les termes et la volonté populaire. La détermination des indigènes à faire entendre leur façon de vivre leur Terre est totalement pacifiste. « Somos Uno » est une expression de leur place au sein de l’Univers, dont la Terre.
Santiago. Les marcheurs de la Panaméricaine, fauchés et fourbus, découvrent une ville en émeute calme, dansante et parlante.


La santé des enfants est ce qui préoccupe le plus les grévistes. Et les effets visibles de la mine sur l’environnement. Le poisson se fait rare dans les rivières. Et est-il bon à manger? Ou empoisonné, comme l’eau? Assise sur le bord d’une route avec un groupe de femmes, je regarde les jeunes qui chantent et la fin de la route racontée par ces pneus qui brûlent. C’est par cette route que je repartirai demain, même si « c’est impossible! » En attendant, une révoltée m’invite à manger un morceau, puis je me repose dans la gare des bus, à l’affut d’un départ, tandis que mon téléphone recharge dans l’antre du gardien. Fin du deuxième round.



Mes pieds. Une moto. Mes pieds. La chaleur sur cette route sans ombre. Des enfants qui pleurent, un jeune homme qui dort sur l’asphalte dans l’ombre fine d’un arbre, la fatigue et même le léger stress de mourir sur cette Panaméricaine. Des pauses et des fruits, des galettes, de l’eau qui se partage, précieux pour l’estomac et le coeur, puis une rencontre avec un jeune couple de québécois pas fiers pan toute! d’être canadiens (le « locataire » détesté de la mine est un consortium canadien)… Que je guide avec l’aisance d’une anthropologue. Et la route s’achève alors que nous n’y croyons plus. Un pick up nous pique et nous conduit à bon port : Almirante.

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