Traumatismes & Co

Traumatisme et savoir scientifique situé

flyer (VSP, Voix Sans papier), 2020

L’hybridation : par exemple, savoir hybride entre savoir situé savoir scientifique, savoir populaire, savoir bourgeois, savoir local,…

Samah Jabr est une psychiatre palestinienne qui pratique par la force des choses, -elle habite Jerusalem et pratique en Cisjordanie occupée- un aller-retour entre la théorie (ses formations), la pratique (patients soumis à une colonisation intergénérationelle et violente, et son propre vécu de femme palestinienne au sein de ce système colonial.

Le « Go-To-Chance » est l’individu qui tente de franchir La Manche, et l’action ; I go to chance signifie tenter la traversée (depuis une autoroute)

Coquillard et savoir situé

La suite sur commande ici et à lire sur le site ici et ailleurs …

Savoir situé et Résilience

Le schéma ci-dessous est une illustration conçue avec des personnes en migration. L’idée est de dessiner les frontières traumatiques avec leurs effets respectifs sur la santé mentale et physique.

La fabrique de ce schéma avait deux intentions : améliorer sa santé mentale à travers la description (=> reconnaissance des traumas) et offrir un outil aux « non-initiés » afin que les syndromes soient « compris » c’est-à-dire non jugés (« il dort tout le temps » => il a besoin de récupérer). Dans ce cas, le partage de savoir situé à des « non-initiés », qui peuvent être des spécialistes de la santé mentale, redonne aussi du pouvoir, de l’empouvoirement, à la personne qui possède du savoir de l’avoir vécu : le savoir situé/vécu de « l’usager »** du trauma améliorent la théorie et la pratique clinique.

Les chiffres correspondent à des seuils. à partir du point 6, de la limite 6, les effets traumatiques ne sont plus résorbés soit, ils affectent la vie quotidienne de la personne. Le sommeil, l’appétit, la relation aux autres, le repli sur soi, des addictions multiples, la léthargie …

Cet aller-retour entre le vécu de Samah Jabr (cf. vidéo) et la théorie (psychanalyse fanonienne) peut donc se nommer savoir scientifique situé. Mais Samah Jabr est aussi une artiste qui résiste par la sublimation de la réalité coloniale. Peut-être l’art est-il une technique de décloisonnement, aussi? Une sorte de « poupée russe ». La femme dans un système oppressif d’apartheid, la psychiatre, l’artiste, la femme, la soeur, la poète, l’amie,…

Résilience-s et Coquillages

« Nous avons des contacts plus profonds avec d’autres et moi-même. Mon moi-même » est une parole recueillie dans le cadre de cette recherche située sur le traumatisme de la migration. Elle est un témoignage rare de ce que peut aussi apporter l’expérience traumatique : une meilleure connaissance de soi. La collaboration entre le témoignage et le dessin permet de rendre fidèlement le discours de la personne, de rendre son humeur (énergie, posture, caractère, …), et aussi de conserver son anonymat si elle le désire.

Hussein est un jeune homme instruit, universitaire, très calme et parlant un anglais impeccable. Il porte un costume en forme de lune pour illustrer sa foi. Soudanais, Zagawa, il est aussi le sage de « la bande organisée en résilience » -avec qui j’ai créé la bande dessinée « Welcome in Belgium ». Il habite désormais en Angleterre, et n’a jamais demandé l’anonymat. Avec le recul et une formation anthropologique, je dois le nommer acteur, ou informateur du terrain ethnographique : comment s’organise la résilience en dehors des circuits officiels (ONG, centres d’accueil, hôpitaux, camps, …) ?

La passion de détruire du patriarcapitalisme

Soudan, 2017. Récit de A.

Le « go-to-chance » est une entreprise périlleuse : il s’agit pour le réfugié migrant de saisir sa chance en grimpant incognito dans un camion en route pour « UK ».

Les « safe zone », zones de sécurité sont tous les endroits où le « transmigrant »** parvient à être lui-même, quelle soit le degré d’aménagement et de confort de la zone de l’espace habité. Ce que décris ci-dessous est un collage car l’espace décrit par le cercle est en réalité un camp dans la forêt des Ardennes belges. A ce moment-là, Calais, -la « Jungle »- n’existe plus, ce qui explique la présence de la bande en résilience organisée dans des camps de fortune, aux alentours de parkings d’autoroute, sur la E411… La safe zone est-elle une hétérotopie ?

Du savoir situé et du « wokisme » : éveil à une nouvelle culture : Europe (+ ses expériences)

Faith to faith

Le procès dans le procès de Mehdi Nemmouche est une illustration du mécanisme de répétition théorisé par Alice Miller, le récit du procès de Mehdi Nemmouche, et le procès du dysfonctionnement structurel, systémique, historiquement ancré dans la colonisation moderne au niveau de l’Etat, et de l’Occident, des secteurs des aides ici à l’enfance. cette bande dessinée aurait aussi pu être titrée : La fabrique d’un monstre par l’Etat français.

Anthropologie métaphysique est le titre d’un livre et un appel à considérer toutes les dimensions du Vivant, y compris les Invisibles – Dieu, djinn, esprit, fantôme, dragon,…………… inconscient individuel et collectif : névrose, psychose, mécanisme de répétions, concept de bouc-émissaire, …

De petits sauts de désoccidentalisation en petits sauts … Tous les termes et concepts « créés » par des chercheurs de la société occidentale « agoratiste » pour nommer leur réalité, avec leur paires de lunettes, celles ont recyclés par des chercheurs porteurs d’autres paires de lunettes. A l’heure des réseaux sociaux, il suffit parfois « d’une parole maladroite » d’un scientifique blanc (perçu comme tel par sa carnation, son tablier blanc de chercheur) pour le Sud basculer vers le rejet … global.

Souvenir du « Quai K », durant le confinement, dans un squat en plein air organisé par une bande de soudanais en exil… Cette occupation, précaire et illégale, a été permise par une conjoncture de situations extra ordinaires :

  • Arrivée inhabituelle de migrants de Calais suite à la destruction de la Jungle ;
  • Concentration des migrants sans abris dans la zone « Gare du nord/quartier du Canal » : le Parc Maximilien est le « QG » de la communauté migrante
  • Présence d’associations (officielles et non officielles) ; le Parc Maximilien est le « QG » de la communauté aidante dont la Plateforme d’accueil « Maximilien » et des cuisines solidaires mobiles ;
  • Grâce à la solidarité citoyenne, le Quai K est une « zone relative de sécurité »: ici pour quelques photos.
  • Covid
  • Révolution au Soudan : la communauté en migration soudanaise se « calque » sur le mode d’organisation des « Comités révolutionnaires » : valeurs hautes (solidarité, partage,…), créativité (potager, cuisine, salle de sport), décision au consensus, …

Tout à coup sur les murs de mes réseaux sociaux, je vois apparaître une seringue barrée « Non au vaccin testé sur les africains! » Une vidéo fait e buzz : sur une chaîne française, un scientifique propose de tester le vaccin en Afrique. Dans le camp, les réfugiés soudanais commentent le scandale. D’évidence, ce buzz est un marqueur qui va laisser des traces dans les relations entre la France et l’Afrique. Nous sommes en 2020. Force est de constater en 2025 le départ des troupes françaises de la majorité des pays d’Afrique de l’Ouest. Force est de constater aussi à travers le discours de Macron en janvier 2025 et son racisme systémique, la névrose décrite par Frantz Fanon ; le sentiment de supériorité du blanc.

De la théorie construite sur l’observation de la pratique à de nouvelles pratiques de la théorie, le va-et-vient est continu. Les théories des Subalterne Studies a quitté l’université pour s’étendre dans la culture populaire. « Privilège blanc » et « racisme systémique », « culture du viol », ont encore du mal à sortir de la société globale, mais moins que « fragilité blanche », « complexe de supériorité », « nécrophilie », extractivisme,… Usage de l’écriture inclusive dans tous les milieux professionnels. Comme il a fallu construire le racisme auprès du peuple par des expositions universelles, un graphisme caricatural et condescendant, des Noir-Punisseurs,… Il faudra le déconstruire avec la mise à plat de la fabrication historique opportuniste de ce racisme.

Faut-il diviser le racisme ? Antisémitisme, négrophobie, islamophobie ? Les termes sont importants : la phobie est une peur démesurée et dépendant d’un ressenti plutôt que de causes rationnelles, d’un objet ou d’une situation précise. L’objet ou la situation qui déclenche la phobie est nommé « phobogène ». « Sémitisme » n’a aucun sens pour désigner les « Juifs », vu que les arabes sont aussi des sémites. Bref.

Le Buzz comme Punctum d’une mutation décoloniale ? rendue exponentielle avec les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle ?

Quel impacts, les buzz, issus de la captation d’images et de sons de scènes réelles, qui illustrent la véracité des théories décoloniales ou anti coloniales, ou anti impérialistes (woke). Parfois je m’interroge. Qui des recherches scientifiques et des internautes, soit le peuple (et les algorithmes), est le plus efficace à changer les mentalités sur les questions de racisme systémique structurel, de violences faites aux enfants, aux femmes, aux peuples ?

Entre information, désinformation, surinterprétation, falsification qui abondent sur les réseaux, une parole contraire et critique prend forme. Des concepts entrent dans le langage commun, parfois renommés. Les « Bodycount » des youtubeurs évoquent les « Beautés imaginaires » de l’anthropologue Pierre-Joseph Laurent, « gentrification » est repris par tous les habitants du monde lors de lutte locale concrète.