La révolte paysanne

2025

En compagnie du chercheur et rudologie hollandais Luuk Schröder je suis rentrée du Mans sans encombre, et même sans imaginer que quelques jours plus tard, les autoroutes de France seraient empruntées par des tracteurs, qui bloqueront les routes contre les massacres de vaches, veaux, taureaux, par milliers, sans raison valable, si ce n’est ce mépris structurel, endémique, pour la vie des animaux.

Quand l’animal devient déchet, tas, puanteur, carcasses, borne de territoire dans une décharge, sur une plage, barrage sur une route, jet (de sang) sur une façade. Quelle sombre histoire anthropocène.

=> zoonoses, prolifération, …

Contexte

La colère des agriculteurs ne retombe pas tel qu’en témoigne le blocage de la RN124 ici à Auch dans le Gers ce mardi 16 décembre au soir. Crise de la Dermatose, accord de libre-échange du Mercosur, décès d’éleveurs… les raisons de la colère sont nombreuses en cette fin d’année 2025. Depuis début décembre 2025, la dermatose nodulaire contagieuse des bovins, une maladie virale qui affecte les bovins et provoque fièvre, nodules cutanés, baisse de production de lait et pertes économiques, est au cœur d’une crise majeure dans le monde agricole français.

Bien qu’elle ne soit pas transmissible à l’être humain, cette épizootie a poussé les autorités à appliquer des mesures de lutte très strictes : dans l’Union européenne, le protocole sanitaire impose l’abattage intégral des troupeaux dès qu’un seul animal est diagnostiqué positif pour enrayer la propagation. Cette politique est considérée comme essentielle par les autorités sanitaires françaises pour éviter un épuisement massif du cheptel national. En France, plus de 110 foyers de DNC ont été identifiés depuis juin 2025 et environ 3 300 bovins ont été abattus selon les chiffres ministériels. Le gouvernement a aussi lancé une vaste campagne de vaccination d’1 million de têtes supplémentaires, en plus des millions déjà inoculés, pour reprendre l’initiative face à la maladie. La ministre de l’Agriculture a affirmé que ces mesures, bien qu’extrêmes, étaient nécessaires pour protéger l’ensemble du cheptel et éviter des pertes bien plus importantes.

Mais ces décisions ont suscité une colère paysanne profonde et des manifestations d’ampleur, en particulier dans le Sud-Ouest de la France. Le 9 décembre après la détection d’un cas dans une exploitation des Bordes-sur-Arize (Ariège), les services vétérinaires ont ordonné l’abattage total des 208 bovins du Gaec de Mouriscou. Cette annonce a été vécue comme un choc par les éleveurs : malgré la mobilisation de plus de 500 agriculteurs venus bloquer l’accès à la ferme, l’abattage a été effectué le 12 décembre, sous le contrôle des gendarmes après une soirée d’affrontements. Cette crise sanitaire s’inscrit dans une mobilisation agricole plus large depuis des mois. Les agriculteurs expliquent être acculés par une accumulation de difficultés économiques, réglementaires et concurrentielles.

Depuis fin 2024 se sont déroulés des mouvements de blocages d’axes routiers, occupations de ronds-points, manifestations avec tracteurs et actions symboliques (barrage sur autoroute, épandage de lisier devant des préfectures, blocages de centres urbains) partout en France. Ces mobilisations rassemblent autant des syndicats agricoles (Coordination Rurale, Confédération paysanne, et d’autres) que des collectifs indépendants de paysans fortement mobilisés contre les politiques qu’ils jugent destructrices pour leurs exploitations. La Coordination Rurale, en particulier, apparaît comme l’un des syndicats les plus offensifs ces dernières semaines : elle a appelé à bloquer l’accès à des fermes ciblées pour éviter les euthanasies, à organiser des actions de rue et à maintenir la pression contre des mesures qui, selon elle, « déciment la profession ». Ses porte-parole ont dénoncé l’abattage systématique des troupeaux comme incompatible avec une gestion raisonnée et ont réclamé une vaccination généralisée plutôt que des abattages massifs, ainsi qu’un véritable dialogue national sur l’avenir de l’élevage bovin.

Cette crise se déroule parallèlement à un enjeu politique européen majeur : l’Union européenne doit se prononcer d’ici le 20 décembre sur l’accord de libre-échange UE-Mercosur avec le bloc sud-américain (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay).

Les agriculteurs français sont fermement opposés à cet accord, craignant qu’il n’entraîne une concurrence déloyale avec des produits agricoles importés à bas coût. Dans ce contexte, l’attitude de la France, qui a qualifié l’accord d’« inacceptable dans sa forme actuelle » et a demandé un report du vote, reflète en partie les pressions internes exercées par le monde agricole, qui voit dans le Mercosur un risque supplémentaire pour la viabilité de leurs exploitations. source : https://www.youtube.com/watch?v=Re6_aNdZoN4

Tout ce qui s’est passé dans cette ferme (…) l’abattage de 27X bêtes, aucune de malade. (…) je suis encore ému de voir ce qui s’est passé, d’avoir discuté avec toutes ces personnes, des gars, des femmes, des petits, des braves gars qui demandent qu’à vivre (…) et je suis vraiment désolé (…) malheureusement on y est pas arrivé. (…) C’est pour faire passer le message à tous ces petits gendarmes, là. (…) Je vais vous dire ce que vous avez fait. Vous avez craché sur le drapeau français, vous avez craché sur les gens qui chantaient la chanson des partisans (…) vous êtes que des pourritures ! vous n’y connaissez rien de la vie (…) je ne peux plus vous voir en peinture ! (…) Vous savez à quoi j’ai pensé ce matin, quand j’ai faitça ?! J’habite près de Limoges, pas loin d’Oradour-Sur-Marne (…) Vous savez ce qu’ils ont fait les SS ?! Ils les ont tous gazés, ils les ont tous tués… Mais vous vous avez fait ça avec des bêtes, avec des bêtes qui sont beaucoup plus intelligentes que vous ! (…) J’en ai honte, j’en ai honte de vous voir. (…) Vous ! Vous les femmes de CRS (…) Essayez svp de leur mettre quelque chose dans la tête vous avez un droit de réserve. Vous êtes des traîtres. (…) et y’a beaucoup de mecs qui sont avec moi. Des hommes, des femmes. Vous potes des bon à rien, des bons aryens*. Vous êtes quoi ?! Alors maintenant ça suffit arrêtez il est grand temps. Alors … y’en a qui ont posé les boucliers, j’en ai vu, les pauvres bêtes (…) moi je les entendais crier depuis le bout là-bas. (…) C’est ce qu’il cherche Macron, à nous diviser (…) Voilà, c’est mon coup de gueule, j’ai vu trop de gens pleurer (…) Vous avez pas de coeur. (…) Voilà mon coup de gueule, j’espère que ça va passer. (…) Et si vous me tuez, c’est pas de problème (…)mais je sais que la relève sera faite derrière et ils me vengeront. Et nous on est pas méchants, mais on va le devenir si ...

=> la video in extenso ci-dessous

* ndlr

https://www.facebook.com/reel/2055180605219539

(ce qui n’empêche pas les exaltations Christo sensu ^^: https://www.youtube.com/shorts/_Wtwm6xyYCM : l’extrême droite est un vrai problème, mais comme l’a montré l’histoire, c’est pas les ouvrier’e’s et les paysan’nne’s qui ont mis le nazisme au pouvoir, mais la bourgeoisie, petite et moyenne, surtout (cF. pour cette matière Johan Chapoutot et Olivier Mannoni). Révolte paysanne et populaire, donc, sous le signe du barrage et de One Piece. En vrai le peuple réside vaillamment à la propagande raciste, islamophobe, sexiste, qui inonde les médias. Il dispute mais dialogue sur les réseaux, résiste aux bots et aux agitateurs, n’est pas dupe, pas plus que le bourgeois. Simplement, l’humain est paresseux, trouillard, avec un goût rapide pour le pouvoir et l’appropriation de ce qui ne se mange pas.

2025 -Panama // Bruxelles

Bois et pneus, ingrédients de barrages anti!-extractivistes

« Blocage, déchets et souveraineté littorale » propose une analyse des dynamiques d’extractivisme ordinaire à partir d’une enquête ethnographique menée dans la province caribéenne de Bocas del Toro, au Panama.

Glanage urbain 19 décembre

« analyse socio-historique des déchets organiques issus des supermarchés en France et en Belgique » propose une analyse des dynamiques d’extractivisme ordinaire à partir d’une révolte paysanne décembre 2025. à venir.

La révolte paysanne

A travers les siècles

Les Jacqueries en France: résumé historique

Définition :
Le terme jacquerie désigne les révoltes paysannes survenues en France principalement au Moyen Âge, en réaction à la fiscalité lourde, aux abus des seigneurs et aux conséquences des guerres. Le mot vient du surnom « Jacques » donné aux paysans par les nobles.

Principales caractéristiques :

  • Soulèvements spontanés et souvent violents.
  • Motivations : impôts excessifs, famine, exploitation seigneuriale.
  • Contexte : guerres (notamment la guerre de Cent Ans), épidémies et crises économiques.
  • Durée : généralement courte et sévèrement réprimée.

Exemples célèbres :

  • Contexte : guerre de Cent Ans et crise économique après la bataille de Poitiers (1356).
  • Déroulement : révolte des paysans de la région de Beauvais et du Valois contre les seigneurs.
  • Répression : sanglante, avec de nombreuses exécutions.
  • Source : Jean Froissart, Chroniques
  • Révolte des coquillards ou mouvements paysans ponctuels en Bourgogne et en Normandie.
  • Jacqueries plus tardives au XVIᵉ siècle, comme la révolte des paysans du Languedoc.

Analyse historique :

  • Selon Georges Duby (Les Trois Ordres ou l’imaginaire du féodalisme, 1978), ces révoltes reflètent la tension entre un monde rural en crise et un ordre féodal rigide.
  • Elles montrent la fragilité de l’État médiéval face aux crises sociales et la brutalité de la répression seigneuriale.

Sources secondaires :

Le Roy Ladurie, Emmanuel. Histoire du climat depuis l’an mil, 1967 (pour contexte de crises et famines).

Duby, Georges. Les Trois Ordres ou l’imaginaire du féodalisme, 1978.

Froissart, Jean. Chroniques, XIVᵉ siècle

A travers les continents, ici en 2023 au Panama, à Bocas et au printemps 2025 : Juin, avec une interview d’un cacique paysan ici.

Ce qui me frappe le plus :

  • Sur la route qui mène à la place du Luxembourg, un très long embouteillage … Les habitant’e’s, les passant’e’s sont visiblement, manifestement solidaires.
  • Le contraste entre la violence policière et l’ambiance populaire bon enfant. Chansons avec les Klaxons, brasero avec pompe à bière et frigos… Un coin de la place semble-t-il tenu par des français est en mode techno-bières. Non pas que quelques violences ne sont pas commises par quelques jeunes masqués, -ou pas-, mais ces violences sporadiques baignent dans une atmosphère de » fête de village », et manifestant’e’s et passant’e’s « ne semblent pas angoisser « comme d’hab », genre.
  • c’est que les manifestants, hommes, femmes, enfants, jeunes se re-connaissant. « Ah tu es là! » « On va pour un verre ? » « On est tous par-là ! Viens (et le tracteur de bouger de place, à l’aise et délicat comme la tondeuse à gazon de Gaston. ça fait tout de même un peu peur. Les roues des engins sont plus hautes que moi, et les agriculteurs chevronnés vous garent ce mastodonte à la Fangio).
  • Le tracteur est un engin qui balaie les forces de l’ordre. En réalité police ne peut rien. Les agriculteurs ont été/sont pacifiques.

Ci-dessus, dans la video, on voit un jeune homme et une jeune femme qui discutent, au milieu des lachrymos, comme s’il était au bar du coin, relax. Du coup, je m’aventure vers « l’Europe », puis recule fissa fissa. Le lacrymo me pique le nez. La plupart des émeutiers portent des masques à gaz. Les autres se pressent les espaces clairs, respirables. Parfois, le vent tourne, et les gens se bougent, plus ou moins lents, vers « là où y’a pas de fumée ».

Changer de point de vue, avec deux jeunes agriculteurs résolus. Champ et contre-champ, hauteur.

Je photographie ce parapluie, -réflexe de rudologie* en arrivant sur la place fumante et pétaradante (rudus*déchet)-. Je retrouve ce parapluie plus tard, lorsque je suis perchée sur le tracteur de deux jeunes agriculteurs. En plus, le type me fixe en rigolant, comme s’il me faisait une blague, avec ce parapluie

18 décembre, fin de matinée, quand les tracteurs entrent en ville, avenue du trône, vers la CE.

Voici le point sur l’avancement de la vaccination dans les 10 départements du Sud-Ouest, au 21 décembre 2025.

Actualités

Pour limiter la propagation du virus, les mesures suivantes s’appliquent sur l’ensemble du territoire national jusqu’au 1er janvier :

  • les rassemblements festifs de bovins sont interdits ;
  • les notifications de mouvements de bovins doivent être faites dans les 24 heures qui suivent le mouvement (au lieu de sept jours), uniquement pour les centres de rassemblement et les marchés aux bestiaux ;
  • les moyens de transport de bovins devront être désinsectisés en cas de mouvement commercial en dehors de France.

Point de situation en France

Depuis le 29 juin, 113 foyers ont été détectés en France au total : Savoie (32), Haute-Savoie (44), Ain (3), Rhône (1), Jura (7), Pyrénées-Orientales (21), Doubs (1), Ariège (1) et Hautes-Pyrénées (1), Haute-Garonne (1), Aude (1). 

À date, tous ces foyers, sources avérées de virus de cette maladie contagieuse, ont été dépeuplés, c’est-à-dire éteints.

zoonosesdéchets anthropocènesHantement du Monde

la corde …

métaphore du drame : Le constat est d’autant plus préoccupant que les signalements de détresse auprès de la MSA ont augmenté de 31 % entre 2023 et 2025. Cela correspond à environ 450 signalements par mois en France. + https://www.uclouvain.be/fr/presse/news/77-des-agriculteur-ices-francophones-en-detresse-psychologique

métaphore du mépris : https://www.youtube.com/watch?v=p9a1N8EwQ9U

Le « Génocide » palestinien est aussi un écocide : La dévastation à Gaza n’est pas seulement un génocide, mais aussi un écocide : la destruction délibérée de tout un tissu social et écologique. Des sols contaminés et des terres agricoles décimées à l’effondrement des réseaux hydrographiques et aux mers saturées de déchets, l’attaque israélienne révèle combien la violence coloniale est indissociable des atteintes à l’environnement. Reliant la lutte palestinienne à la lutte mondiale contre le capitalisme fossile et l’impérialisme, cette analyse soutient que la justice climatique est impossible sans la libération palestinienne. Source :

  • j’ai failli me prendre un procès pour kidnapping de chat. ce gentil pot de colle miaule et puis passe ses journées près de moi. Il a joué le chat perdu. mais c’était juste un vieux galopin qui voulait double gamelles et triple dose de caresses. Je ne résiste pas aux chats.

Le massacre des cheptels en France est-il un génocide ?

Peut-on mettre fin au «génocide animalier»?

OPINION. C’est au critique de films Siegfried Kracauer qu’on attribue la première analogie, en 1960, entre la production industrielle et les camps d’extermination, après qu’il a regardé un film de Georges Franju, «Le sang des bêtes». Depuis, la réflexion n’a cessé de s’amplifier

Deux mille chairs abattues à la seconde, 80 milliards par an à l’échelle du globe, et dix fois plus de poissons. (…) Peut-on mettre fin à cette violence institutionnelle? L’historien Eric Baratay («Et l’homme créa l’animal») rappelle l’existence du végétarisme dès la Grèce antique. La viande éveille la sensualité et alourdit l’âme, tandis que pour Pythagore la croyance en la métempsychose (la migration de l’âme humaine dans le corps animal) condamne une pratique contraire au régime herbivore. Rousseau ou Saint-Just s’inspireront de la philosophie hellène: l’abstinence civilise et participe de la rénovation de l’homme et de la société. Un siècle avant le mouvement de «libération animale» naît en 1880 la première société végétarienne. L’antispécisme contemporain appelle pour sa part à élargir aux bêtes l’égalité de traitement successivement accordée aux Noirs, aux femmes ou aux homosexuels, en dénonçant l’anthropocentrisme et ses déclinaisons albinocentrée, androcentrée et hétérocentrée.(source : https://www.letemps.ch/opinions/peuton-mettre-fin-genocide-animalier?srsltid=AfmBOopeAI79pZBFfRDRgQWlvEC2Y3Pg2s2ZPP4wIaV-BfWVIIzH4JMM)

La relationnalité (Escobar, 20XX) est la clef de la sortie de l’extractivisme, pourtant…

Quel bilan pour 2025 ? Les génocides lents, silencieux et admis sont devenu la norme. Nous avons appris à vivre avec. Soudan, Palestine, RDC. Il semble que les humains ne parviennent plus à gérer les CHOCS : le traumatisme de vivre complice d’un massacre de masse pour notre confort. Cerveau sur off, cependant … « une douleur normale », c’est-à-dire, nous explique le monde du travail, une douleur à intégrer dans nos vies comme faisant partie de la normalité. La douleur normale est devenue un fait social total. -et après ça on s’étonne que l’analgésique est devenu la norme… drogues de synthèse dans un monde factice. cependant …

révolte … des …

barrages à l’extractivisme … une …

Communalidad ; la relation pour une résilience globale, telle la fronde nautique internationale de la

GlobalSumudFlotilla … Sumud signifie résilience et détermination. Cette flottille s’est aventurée aussi sur le fleuve Amazone, en direction de la COP, Composée de peuples premiers de Alba Yala, la flottille a défoncé les portes blindées d’une institution internationale bien trop complice de l’écocide en cours. Courage à nous toustes ! L’année 2025 a été belle aussi, lueur tenace. Voilà.

sumud

prolifération & trouble

relation

comunalidad

That’s all folks for 2025

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