- 1. Ce qui tombe d’une matière qu’on travaille : Déchet de laine. Synonymes : chute – débris- résidu-rognure.
- 2. Perte, partie irrécupérable de quelque chose : Coquillage anthropocène. Synonymes : déperdition.
- 3. Personne avilie moralement et physiquement dégradée : Un déchet de l’humanité.
Source : Larousse (qui préfère le Robert)
Le déchet montre, indique, avertit, est (sans doute) aussi vieux que le monde (1), mais son histoire bascule avec l’industrialisation au XIXe siècle (1 & 2 & 3). Considéré comme impur et rejeté aux marges de la société, voire du continent, le déchet monstrueux anthropocène (2) fabrique aussi des merveilles et de l’empouvoirement quand il déploie les résiliences locales et projet vertueux. Humain (3), le déchet ne l’est jamais, mais considéré comme tel au regard de la distance entre lui et la société normée, comme le fou, le monstre, le sauvage et la sorcière.
L’intérêt porté aux déchets, posés en problème public, se traduit par une hausse du nombre de travaux de recherche qui leur sont consacrés. Les sciences humaines et sociales (SHS), en particulier, se saisissent de ce fait social total (Mauss, 1924 ; Beaune, 1998) et développent dans les années 70 la garbology (Rathje et Ritenbaugh, 1984) aux États-Unis et la rudologie (Gouhier, 1972, 1988) en France, deux écoles qui s’intéressent aux déchets comme des « traces » laissées par nos sociétés. Dans le même temps émerge la socio-économie des déchets (Bertolini, 1978), discutant des cycles de vie des produits et de l’économie circulaire. Plus récemment, les discards studies (Lepawsky et Liboiron, 2015) en Amérique du Nord décloisonnent l’étude des « rejets » (discards), permettant ainsi à la communauté scientifique de multiplier les savoirs et les angles de recherche et d’aller au-delà des seuls objets déchets.
Source : Ce que l’immonde dit du monde : étudier les déchets en Sciences Humaines et Sociales Doctoriales de Rudologie – 2ème édition, 5-6-7 février 2024, Laboratoire ESO – Le Mans Université
Le statut du déchet est très variable.
Ainsi, la sandale que ce légionnaire romain jette dans une fosse à ordures il y a 2000 ans, la considérant comme un déchet, que les archéologues regardent comme une merveille.
Métamorphose-s du/des déchet-s
Impacts de l’industrialisation sur les transformations des liens entre humains et déchets, mais aussi entre humains et autres êtres vivants (par exemple, les conditions d’élevage et d’abattage des animaux nourriciers (boeuf, porc, poule, …).
1.
déchet
travail
=> 19e siècle
Unité
Peu ou pas de déchets
moindre différenciat°
(Retour Terre (air compris)
2.
déchets
consommation
19e -21e siècle et +
Différenciat°
* multiplication *
dommages collatéraux
recyclage
*sauf par avalement*, comme la disparition de Forêts primaires en Europe à l’époque médiévale, génocide, …
Le coquillage, le corail mort est-il un déchet?
Oui, ces coquillages et coraux de l’anthropocène désormais impropres à la consommation, à la production, au recyclage sont des déchets. Et ce qui se dit ici (sur « mon » terrain ethnographique insulaire caribéen), c’est que l’hôtel de luxe voisin déverse une fois par mois ses produits toxiques dans la baie, et que ces matins-là, la mer crache ces cadavres sur les rivages et plages.
Visions tristes. Cet amas monstrueux fabrique d’émotions tristes doit disparaître. Ce tas de déchet n’est pas sans valeur, sa valeur est négative, il est impur : sa vue provoque le malaise, la fuite, le déni, la colère, la tristesse.
Non, chaque fois que la pensée sauvage agit, elle remétamorphose le déchet en soin à la Terre (butte), ou en objet précieux (artisanat), voire en sujet (art).
3. Une Espèce de déchet
En 1839, sur ces bateaux-négriers, le « déchet » se nomme humain esclavagisé d’Afrique arraché à ses terre, maison, famille, tribu, royauté, amis, croyances, parfois jeté vivant à la mer pour toucher une prime… En 2024, sur des canots pneumatiques de fortune, le « migrant », voire « transmigrant » que la dictature, la misère et l’injustice a poussé vers tant de dangers est la victime de passeurs, « capitaines » de petite vertu.
L’ONU n’a jamais été capable de régler valablement un seul des problèmes posés à la conscience de l’homme par le colonialisme, et chaque fois qu’elle est intervenue, c’était pour venir concrètement au secours de la puissance colonialiste du pays oppresseur. […] En réalité l’ONU est la carte juridique qu’utilisent les intérêts impérialistes quand la carte de la force brute a échoué. Fanon, 1961
En octobre 2023, la Terre a accepté le premier génocide filmé et retransmis en direct. Cette révolution numérique et humaine (acceptation en direct de l’inhumain), malgré les exigences de l’ONU (qui nuancent le constat de Franz Fanon). Au (trop lent) rééquilibre des forces entre le Nord global et le Sud global vers du mieux-vivre, des forces contraires destructrices puissances se propagent, luttent contre le désir de paix et d’unité qui transcende la majorité des humains (et des êtres vivants). Nul ne peut encore imaginer les répercussions sur les psychés terriennes d’avoir supporté ce génocide sans pouvoir ne rien faire, si ce n’est manifester, boycotter, prier. La dépression devient globale, la résistance aussi, la répression grince des dents. En janvier 2015, le Rwanda fait main basse sur le Kivu, en Février à Bukavu … La Communauté internationale fait son Visage-Pâle d’usage systémique : la langue fourchue.

Trumpiste L‘hypocrisie de l’impérialisme occidental est alors évidente : punir l’ONU (désormais insoumise) de son soutien à la Palestine, retirer des subsides et menacer de supprimer l’Institution. Depuis Frantz Fanon, seul a changé le rapport de force : le capital symbolique de l’Occident a chuté. Les Lumières dont chahutées.
Depuis le 11 septembre 2001, la fiction ne cesse de dépasser la réalité. Macron qui joue le va-t-en-guerre contre la Russie, Trump qui fired Zelensky dans une dystopique réplique de son émission de télé-réalité. Et l’Europe qui constate sa provincialisation et course le minerais croyant éviter ainsi l’extinction des Lumières.
Les puissants n’intègrent que les informations qui les arrangent : la Terre est polluée ? Allons sur Mars. Les terres rares et minerais technologiques sont indispensables ? Signons un contrat de cobalt avec un pays qui ‘en possède pas.
La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas (Paul Valery)
L’épuisement annoncé des ressources naturelles et leur rareté grandissante, voire en voie de disparition, annonce des temps de disettes et de décroissances forcées pour l’Europe. Le peuple est déjà en pénurie, la pauvreté explose. Gavée de publicités mensongères, il se rue sur l’électrique, comme il s’est rué sur le téléphone portable. Les métaux rares, Terres rares, Eaux rares, … L’extractivisme est un suicide lent. Comme d’habitude, les industriels et les bourgeois désignent un ennemi, celui-ci est changeant. Pour survivre, l’Europe devrait se battre contre la Russie. Hier au bord de la faillite épuisée par sa guerre contre l’Ukraine, là voilà tout-à-coup prête à envahir l’Europe.
Résumons : Poutine, Zelinski, Macron (pour son intelligence artificielle) et l’UE et Trump veulent les mines d’Ukraine. Avant c’était son blé, le trésor de l’Ukraine, grenier de l’Europe/de la Russie. C’est toujours le blé, me direz-vous, le but du capitalisme, même drapé de communisme, c’est le profit. L’Europe est le dindon de la farce, on dirait une poule à qui non a coupé nia tête, et qui court, en zigzaguant, quelques temps encore. Zombie ?




